COMEEN : Communication et médiation écologique, éthique et numérique

Contexte

L’avènement d’un nouvel imaginaire social écocentré marque « un changement de civilisation » (Debray, 2020) : « l’entrée dans l’ère écologique » (Morin, 2020). L’écologie devient alors un « cadre de référence » tel que le définit Taylor, c’est à dire « un ensemble de distinctions qualitatives déterminantes. Penser, sentir, juger à l’intérieur d’un tel cadre, c’est agir avec l’idée que certaines actions, certains modes de vie ou certains sentiments sont incomparablement supérieurs à d’autres qui nous sont plus aisément accessibles » (Taylor. p.42). Dans les politiques publiques focalisées sur la transition numérique comme levier de développement économique et sociale, l’émergence du modèle normatif de la sobriété numérique, issue du rapport du think tank Shift project publié en 2018, contribue à réorienter l’action publique et son modèle de transition numérique désormais voué à converger avec la question écologique. Comment convertir les croyances, les représentations ou les normes attachées à une culture numérique marquée par les valeurs « d’individualisation des pratiques, d’ubiquité, de gratuité, de virtualité, d’immédiateté » (Monnoyer-Smith, 2017, p.6) ? Comment modifier les techno-imaginaires (Plantard, 2014) au profit d’un récit collectif du numérique responsable et d’un agir numérique sobre ? Ce projet de recherche analyse les formes de médiation et de médiatisation liées aux transitions écologiques et numériques. Il interroge l’engagement écologique et les modes d’organisation durables et éthiques à partir des dispositifs de médiation, des usages et des stratégies.

Deux objectifs principaux traversent cette recherche :

• Définir les éthos (valeurs, croyances, éthiques, imaginaires) construits et véhiculés par les acteurs des transitions écologiques et numériques afin de cerner les normes, les cadres de références qui gouvernent, modèlent les modes de vie et d’actions. Quelles sont les représentations sociétales des transitions écologiques et numériques alimentées par les discours médiatiques, politiques et scientifiques ? Quelles normes, quelles valeurs, quels imaginaires se construisent à partir de ces médiations ?
• Comprendre les formes d’engagements individuels ou collectifs dans le cadre des transitions écologiques et numériques en analysant les stratégies, les dispositifs, les actions, les usages des organisations et des individus. Quelles manières d’agir à l’intérieur de ces cadres de références en construction ? Mais aussi quelles sont les formes alternatives de ces mobilisations, émancipant les individus des organisations et participant de la diffusion d’autres imaginaires écologiques et numériques ?

Méthodes

Notre terrain de recherche ciblera les organisations relevant des secteurs médiatiques, culturels et créatifs, des dynamiques territoriales, de l’innovation sociale. Nous établirons à partir du dispositif d’enquête comment les transitions écologiques et numériques se perçoivent, se concrétisent et circulent. Les formes d’engagement individuel seront évaluées plus particulièrement auprès des étudiants afin de saisir les effets de « ce cadre de référence » écologique sur les générations se préparant (ou pas) à agir en tant que professionnels et citoyens. Quelle perception, quelles modes d’actions et de vie durables à l’égard de leurs usages du numérique ? Quels impacts des dispositifs de médiation écologiques et numériques ?

Perspectives

Ce projet est en lien avec la création du Master COMEEN, Communication et médiation écologique, éthique et numérique. Des liens avec l’équipe du master COMEDD (communication écocitoyenne, patrimoine et développement durable) de l’Université Côte d’Azur, master adossé à l’URE TransitionS sont en cours (pour un conventionnement et des collaborations de recherche).