Programmes de recherche

Ce projet s’inscrit dans une démarche transdisciplinaire et une démarche de recherche création. Il place les usages du medium sonore par les chercheurs au coeur de sa problématique. Il prend acte du développement intensif des productions sonores numériques natives désignées sous le terme générique de « podcasts » pratiqués par de nombreux acteurs culturels (musées, spectacle vivant, centre d’art contemporain, journalisme, radio et webradio) et scientifiques (les podcasts de l’EHESS, France culture : les conférences des universités …). Les podcasts apparaissent ainsi comme un nouveau moyen de diffusion des savoirs qui entrent dans le champ des pratiques numériques de la science ouverte mais aussi comme un espace de construction de nouvelles modalités de récits par le sonore. Quelle place les communautés scientifiques peuvent-elles prendre dans cet espace ? Comment mettre en oeuvre de nouvelles pratiques d’écritures de la recherche ? Quelles diversités d’écritures pour la diffusion des savoirs depuis l’enregistrement de conférences déjà largement pratiqué depuis longtemps jusqu’à des gestes d’écriture documentaire pour le moment rarissimes et en tout cas peu visibles dans le réseau de la science ouverte ?

Le projet PRASORE (PRAtiques SOnores de la REcherche) est né de mon parcours personnel de recherche qui s’est nourri de l’articulation entre recherche et création. Ce parcours a commencé réellement lorsque que je travaillais sur mon mémoire de recherche en master 2 lequel était consacré aux dramaturgies de la mémoire des crimes contre l’humanité. Dans les premiers temps, en tant qu’étudiante en études théâtrales, j’ai tout naturellement investi la création scénique comme un espace de dialogue avec mes recherches universitaires. En lien avec mes recherches sur le témoignage traumatique, j’ai ainsi créé (écriture et mise en scène) le spectacle Cs137 à propos de la catastrophe de Tchernobyl. Ce spectacle avait alors été inspiré par la lecture des témoignages recueillis par Svetlana Alexievitch et publiés dans La supplication mais aussi en lien étroit avec les travaux des étudiants et enseignants chercheurs en sociologie de l’université de Caen (Frédérick Lemarchand et Guillaume Grandazzi). Il était également nourri des colloques de l’Action Concertée Incitative « Le témoignage » dirigée par Carole Dornier de l’université de Caen et qui a été pour moi la première occasion de communiquer en colloque. J’ai poursuivi cette relation entre mes recherches et la création théâtrale grâce à un accueil en résidence au Centre Dramatique National de Caen (2009) au cours duquel s’écrivait le spectacle Défaut d’ingérence traitant de l’impuissance d’être casque bleu sur des terrains où sont perpétrés des crimes de génocides (Rwanda et ex-Youglavie). Cette résidence a par la suite donné lieu à mon premier documentaire sonore car ce projet de création scénique était initialement conçu pour dépasser le périmètre du plateau théâtral et se construisait en lien avec des travaux scientifiques sur le post-traumatisme.

« C’est à partir de mes années de doctorat que je me suis éloignée de la scène pour me diriger vers le traitement documentaire et mon intérêt pour le documentaire sonore s’est révélé lors de la production de Défaut d’ingérence : Paroles de casques bleus en ex-Yougoslavie (2014) pour France culture dans l’émission Atelier de la création. Ce premier documentaire radiophonique s’inscrivait dans la suite de mon exploration théâtrale et s’engageait dans une enquête auprès de témoins dans la dynamique des enquêtes en histoire orale mais avec une finalité artistique. Pour ce premier documentaire j’ai travaillé avec Anne Kropotkine issue du CERCEC (EHESS). Au fil des productions qui n’ont cessé depuis 2014, j’ai développé une pratique singulière de rapport avec mes terrains de recherche et je ressens aujourd’hui le besoin d’inscrire cette pratique dans un projet d’envergure scientifique qui place cette démarche au coeur des enjeux épistémologiques qu’elle suscite. C’est ce long cheminement qui me conduit aujourd’hui à l’élaboration du projet PRASORE que j’ai choisi de proposer aux chercheurs qui composent ce groupe – certains d’entre eux certains sont des collaborateurs de longue date (Marion Denizot, Rémy Besson et Ana Clara Santos). Tous ont décidé de s’engager avec moi dans une recherche création afin d’éprouver ensemble et par les diverses disciplines que nous représentons cette nouvelle voie que nous ouvrons. Aujourd’hui, ces chercheurs sont animés d’un grand désir quant à cette aventure et cet enthousiasme me conforte dans l’idée que nous allons vivre une belle aventure scientifique et humaine si le projet PRASORE réussit à convaincre ses lecteurs. » (Séverine Leroy)

 

CHERCHEURS HORS UCO MEMBRES DU PROJET
Rémy Besson (Université de Montréal, Canada)
Marion Denizot (Université Rennes 2)
Marie Lavorel (Université Concordia, Canada)

Ana Clara Santos (Université d’Algarve, Portugal)

Porteur(s) du projet
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Equipes concernées
Durée du programme
01/10/2022 - 30/09/2025