Programmes de recherche

SEVE : Sens des Etudes et Vulnérabilités des Etudiants
Selon les chiffres du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI, 2021), en France, le taux de réussite au baccalauréat est très élevé, soit 93.8% en 2021, tous baccalauréats confondus. En 2019, quasiment la moitié des bacheliers poursuivait ses études à l’université. Une fois à l’université, les sortants sans diplôme font l’objet d’une véritable attention de la part des pouvoirs publics qui font état de « près des deux tiers des étudiants quittant l’université sans diplôme ». Or, les données existantes montrent dans les faits deux choses : le taux d’ « abandon » en première année par exemple est ancien et constant (autour de 25%) mais, surtout, cette stabilité apparente fait oublier la diversité des situations agrégées par l’indicateur retenu. Pour autant, les choix d’orientation et les trajectoires des jeunes sont multiples. Certains n’obtiennent pas leur premier choix de formation, pour diverses raisons (filière sous tension, niveau insuffisant au regard des prérequis ou critères de sélection…). D’autres font un choix par défaut (projet peu précis, auto-censure…), un choix détourné mais stratégique pour atteindre un objectif professionnel, ou encore un choix influencé par leur environnement social, parental ou éducatif.
Quels sont donc les parcours effectifs des étudiants inscrits en premier cycle à l’université ? Pour ces jeunes, quel est le sens de « poursuivre ses études » notamment à l’université ? Se demander ce que signifie « faire des études » et « réussir ou échouer à l’Université » aujourd’hui nous parait fondamentalement devoir être appréhendé au regard des conditions diverses dans lesquelles ces parcours se réalisent. C’est donc le sens même de l’existence des étudiants que cette recherche vise à appréhender et plus spécifiquement le sens qu’ils donnent à leurs études. Au vu de l’engagement de certains jeunes pour défendre des causes sociétales liées à leur devenir, dans un monde de plus en plus fragilisé (incertitude de l’avenir, angoisse, formes de vulnérabilité…), nous souhaitons mieux comprendre le sens que les étudiants de 1er cycle universitaire accordent à leur formation et à la vie en général.
Le sens est une notion polysémique (Bernaud, 2021), explorée dans diverses disciplines. En psychologie, elle peut être abordée sous l’angle du sens de l’existence. Selon la définition proposée par Arnoux-Nicolas et al. (2019), le sens est « la façon dont l’individu se comprend et comprend les liens qu’il entretient avec l’environnement extérieur » (p. 1). Dans cette recherche, c’est le sens de la formation et de la vie que nous souhaitons appréhender chez les étudiants de licence à l’université, dans un contexte de vulnérabilité. Tout être humain se révèle toujours, ontologiquement, fragile en ce sens qu’il se trouve marqué du sceau de la finitude. Pour la présente recherche, il nous semble important, cependant, de regarder attentivement ce qui contribue à le rendre plus vulnérable.
L’intérêt du projet tient donc dans ce qu’il ne sépare pas le rapport à la formation, au savoir, à l’apprentissage et au sens des études et de la vie des étudiants d’une part et les parcours et conditions d’existence de ces étudiants, notamment leur bien-être ou mal-être, leur fragilité éventuelle, leur vulnérabilité possible, leur santé physique et mentale, d’autre part. L’objectif principal est de comprendre le sens des études et sa construction, du point de vue des étudiants et au regard de leurs conditions d’existence. Pour répondre à cet objectif, un protocole méthodologique est envisagé, articulant approche longitudinale (recueils de données répétés sur trois ans) et méthodologie mixte (quantitative et qualitative) : une enquête par questionnaire sera réalisée à trois reprises, en L1, en L2 puis en L3, sur les conditions de vie des étudiants et sur le sens qu’ils accordent à leur formation (avec des échelles de mesures standardisées) ; des entretiens seront menés avec une partie des étudiants ayant répondu aux questionnaires, à cinq reprises durant leur formation : deux fois en L1, deux fois en L2 et une fois en L3 ; le dispositif SVSF (Sens de la Vie, Sens de la Formation) construit par un groupe de chercheurs (Bernaud et al. 2015 ; Baatouche et al. 2021) sera proposé à des groupes de six étudiants volontaires en cours de L2. Ces différentes mesures seront proposées sur les campus de l’UCO et dans d’autres universités et établissements de l’enseignement supérieur. Le protocole de recherche sera dupliqué auprès d’étudiants tunisiens grâce à un partenariat avec l’Université de Tunis, ce qui permettra des comparaisons internationales.
- Nadia Baatouche
- Aurélie Bayen-Poisson
- Laurence Bernard Tanguy
- Kimberley Brioux
- Paola Duperray
- Angel Egido
- Isabelle Grangereau
- Christian Heslon
- Gérald Houdeville
- Adeline Hulin
- Hélène Jarousseau
- Mathilde Lavrilloux
- Ségolène Le Mouillour
- Isabelle Pichon
- Fred Poché
- Élise Roullaud
- Gilles Reilhac
- Noëlle Zendrera