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Nos sociétés se trouvent traversées par des bouleversements qui les fissurent et engendrent un processus de fragmentation généralisée. Partout se pose, alors, la question d’une nécessaire production du commun et plus largement, d’une dynamique capable de recréer du lien entre les individus, face à des différences souvent exacerbées. Cependant, qu’est-ce que le « lien » ?
À l’instar du « don », ou du « partage », ce vocable manifeste une tension sémantique interne qu’il convient de prendre en compte pour penser avec acuité la réalité qu’il pointe. En effet, spontanément, chacun comprend l’acte de lier comme un mouvement positif, voire libérateur : les liens du mariage, les liens de l’homme par rapport à la nature, ou encore les liens de fraternité, de solidarité, voire d’autorité. Mais il semble tout aussi possible d’appréhender ce terme comme l’expression d’une forme de relation asservissante, voire aliénante : le lien fusionnel incapable de s’ouvrir à l’altérité, les logiques de sectes, le lien à une substance dangereuse (alcool, drogue) ou le lien addictif au numérique, par l’intermédiaire du smartphone, de l’ordinateur ; lien qui produit, alors, un déficit d’attention, ainsi que des formes continuelles de déterritorialisation. Cette autre figure du lien souvent oubliée, prend même, parfois, une allure particulièrement pathogène ; et ce, notamment, lorsqu’elle se manifeste sous la forme de connexions susceptibles d’aveugler les individus ou d’engendrer des relations malsaines avec autrui : sites malveillants, voire sataniques, ou tout simplement, brouillage des repères, comme avec le supermarché du religieux dans un monde marqué par une civilisation du « visuel ». Ainsi, le vocable qualifiant le fait de « maintenir ensemble différentes parties » apparaît-il comme un φάρμακον, autrement dit, une réalité à double face : remède ou poison. Au-delà des controverses au sujet de l’étymologie du vocable « religion », la chose elle-même devrait justement permettre de produire, positivement, du lien. Or, la situation contemporaine – autant que l’histoire – montre la complexité d’une telle réalité.
En gardant comme orientation principale la corrélation « Religion et société », la recherche entreprise par notre équipe, vise, notamment, à mesurer les mutations actuelles, y compris au regard des nouvelles technologies, en l’occurrence, celle d’une toile (web) qui relie les individus davantage dans le sens d’une logique de « réseau » que d’une logique « narrative » ; modifiant, en ce sens, le rapport que l’individu, croyant, ou non, entretient à l’institution religion, comme au reste de la société.
Porteur du projet : Fred Poché
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