L’accélération de la numérisation de la société française produit des effets durables sur le champ politique, comme sur l’ensemble du monde social. En 2020, plus de 85 % des Français sont connectés à Internet. Une grande partie d’entre eux consultent fréquemment les médias sociaux (Facebook, Twitter, Youtube, etc.) : ils s’y informent, y publient du contenu, débattent, etc. Ce fait social d’ampleur est désormais bien compris par les acteurs politiques qui n’ont pas tardé à investir ces nouveaux espaces. Les usages qu’ils font du numérique sont multiples : communiquer auprès des citoyens, mobiliser les soutiens, organiser et rationaliser le « travail » militant, inciter à la participation du public, mettre en scène leur capacité de mobilisation et leur proximité aux électeurs, etc. Internet et les médias sociaux ont en effet durablement transformé la manière dont les acteurs politiques appréhendent et pratiquent la communication électorale, en France comme dans le monde. Analyser ces évolutions de manière sociologique suppose d’éviter deux écueils. Le premier est de considérer que le numérique ne change rien dans le fonctionnement du champ politique. De récents exemples, tels que la révolution tunisienne de 2011 ou le mouvement des Gilets jaunes en France en 2019 sont venus illustrer le rôle important joué par les réseaux sociaux dans l’émergence et la structuration de ces mouvements sociaux. Le deuxième est de prêter au contraire à ces nouvelles technologies le pouvoir de changer par elles-mêmes les individus qui les utilisent et plus largement le monde social…