Des groupes de parole au collège : un lieu tiers pour penser le rapport au savoir des adolescents

TitreDes groupes de parole au collège : un lieu tiers pour penser le rapport au savoir des adolescents
Type de publicationCommunications sans actes
Année de l'intervention2015
LangueFrançaise
Titre de la Conférence/colloqueAdolescence contemporaine et environnement incertain
jour/mois du congrès, colloque06/15
Auteur(s)Gevrey, V.
Université, organismeUniversité de Picardie
Ville, PaysAmiens
Résumé

L’objectif de ma recherche est d’interroger le rapport aux savoirs et à l’école des adolescents pour appréhender le processus du décrochage scolaire. S’appuyant sur un corpus psychanalytique, ma démarche clinique consiste à aller à la rencontre du discours des adolescents en animant des groupes de parole dans des collèges. Ces groupes sont pensés comme des lieux tiers au sein même de la scène scolaire où se jouent des rencontres intersubjectives entre les sujets-adolescents – pensé comme sujet en éducation et sujet de l’inconscient (Anzieu, 1984) – et le sujet-chercheur (Devereux, 1994). L’objectif est de permettre l’élaboration d’un discours dans et autour de l’école à travers une introduction langagière : « qu’est-ce qu’aller à l’école pour vous ? ». Lors des deux premières années de thèse, j’ai pu animer une vingtaine de séances avec des classes de niveaux et de collèges différents et qui constitue le matériau de cette communication.

L’enjeu d’un tel dispositif est de permettre d’instituer un autre lieu dans l’école pour dévier la langue, faire émerger une parole subjectivante et entendre comment les adolescents se vivent dans et hors l’école.

Le recueil des données empiriques tend à démontrer que le signifiant décrochage n’est pas à entendre comme une finalité mais davantage à penser comme un processus, comme un cheminement qui peut s’entremêler avec un autre décrochage. Cet autre décrochage est celui de l’adolescence, symbolisé notamment par une distance d’avec les imagos parentaux et les savoirs infantiles pour se projeter vers d’autres identifications et d’autres investissements d’objets de savoirs. 

L’ensemble des Groupes de Parole Adolescents a été enregistré, retranscrit et analysé. Cette méthode a permis de dégager différentes hypothèses : par exemple, il semble qu’au-delà du mécanisme transférentiel, se joue pour ces adolescents en difficultés une identification projective (Bion, 2002) sur l’enseignant pour accéder à cet objet savoir qui fait obstacle et parfois défaut de sens. Mes analyses m’ont conduit à déplacer mes hypothèses initiales pour penser le savoir non pas comme une finalité mais plutôt comme un objet d’investissement libidinal qui passe par l’identification à l’enseignant, s’étayant sur la relation pédagogique qu’il institue.  

L’exposé d’une vignette clinique me servira de support pour illustrer en quoi cet objet savoir semble être investi par l’adolescent dit décrocheur dans la relation affective et pulsionnelle à l’enseignant (Menès, 2012).