A propos de la justice comme compréhensive de toutes les vertus. Examen du chapitre 7 anonyme dit ‘des disciples d'Evagre’

TitreA propos de la justice comme compréhensive de toutes les vertus. Examen du chapitre 7 anonyme dit ‘des disciples d'Evagre’
Type de publicationChapitre d'ouvrage
Année de publicationSOUMIS
LangueFrançais
Titre de l'ouvrageN.N.
CollectionSubsidia Maximiana. Instrumenta Patristica et Mediaevalia
Auteur(s)Mueller-Jourdan, P.
Directeur(s)Léonas, A. et Cvetkovic V.
EditeurBrepols
VilleTurnhout
Résumé

Le présent travail de recherche prend pour cible des Chapitres restés longtemps confidentiels dans la littérature spécialisée avant que Paul Géhin nous en fournisse pour les Sources chrétiennes une édition critique de grande qualité. Ces chapitres parfois attribués à Evagre mais qui proviennent plutôt d’une transmission anonyme et complexe de l’enseignement du savant moine[1] présentent toutefois un grand intérêt en ce qu’ils apparaissent, de l’avis des spécialistes, comme l’une des sources des Chapitres sur la charité de Maxime le Confesseur qui intéressent les recherches de ce volume. Il serait sans doute utile qu’une étude comparative systématique soit un jour réalisée entre les deux ouvrages.

 Il nous a semblé intéressant de nous arrêter sur cette source anonyme de l’œuvre de Maxime en raison de la place occupée par la justice dans une énigmatique centurie que nous voudrions chercher à élucider. Maxime le Confesseur lui-même avait d’ailleurs avertit le destinataire de ses propres Chapitres sur la Charité que du fait même du genre littéraire si concis des chapitres que : “ces sentences ne sont pas toutes faciles à saisir pour tous ; mais la plupart ont bien souvent besoin d’un examen minutieux, même si l’expression paraît fort simple”.[2] C’est ce que nous avons pu expérimenter dans la sentence que nous avons cherché à comprendre.

Dans le septième Chapitre anonyme dit ‘des disciples d’Evagre’ on trouve, en une formule concise originale, le propos suivant :

“Les païens ont préféré la justice comme compréhensive de toutes les vertus, car elle distribue à chacun ce qui lui revient, en apprenant ce qui convient le mieux ; elle fait disparaître les péchés en acte ; c’est elle aussi que la loi prescrit. 

Mais selon l’enseignement du Christ, c’est la charité qui est compréhensive de toutes les vertus, et en effet elle purifie l’homme intérieur, en retranchant les péchés en pensée”.[3]

Ce chapitre lapidaire, mais c’est le genre littéraire qui le commande, a des allures de fausse évidence. Si on comprend en gros la nature de la comparaison, il devient beaucoup plus difficile d’en rendre compte sans procéder à un examen attentif du sens, du but et éventuellement de la validité du propos comparatif qui y est tenu. Le motif de la présente recherche n’est pas de remettre en cause ce chapitre mais de le comprendre faute de quoi, il manque son but : instruire et inspirer une conduite de vie. 

 

[1] Voir le solide dossier établi par G. Bunge, Les enseignements d’Evagre (Chapitres des disciples d’Evagre). Le missing link entre la première et la deuxième controverse origéniste, Rome, 2021 (Studia Anselmiana), pp. 54–102.

[2] Maxime le Confesseur, Car. Prol. 16–18, ed by J. Pégon, Paris, 1945 (Sources chrétiennes 9).

[3] Chapitres des disciples d’Evagre 7, ed by P. Géhin, Paris, 2007 (Sources chrétiennes 514).