epuis plusieurs années, notre société voit émerger de profondes tensions en rapport avec les mémoires blessées de l’esclavage ou de la colonisation. Des crispations identitaires traversent alors les interactions entre individus, groupes ou communautés, rendant parfois le dialogue difficile, voire impossible. Il semble pourtant nécessaire d’aborder ces questions de la coexistence, en évitant les procès d’intention, les jugements intempestifs ou les tendances au repli. Si, comme le souligne Paul Ricœur, l’autre est le plus court chemin de soi à soi, alors prendre au sérieux les études postcoloniales et décoloniales, tout en maintenant un regard critique, devrait nous aider à mieux nous rencontrer ; ou, pour parler comme les convivialistes, à nous opposer sans nous massacrer.