« Amatrides » : éthiques de l’exil au féminin (XX-XXI siècles)

« Amatrides » : éthiques de l’exil au féminin (XX-XXI siècles)
Les XXème et XXIème siècles ont été marqués par les déplacements de personnes dans le monde entier. Selon la décennie, le territoire, ou la population concernée ces migrations ont été motivées politiquement, économiquement ou les deux . Le XXème siècle et ses multiples crises (Première Guerre mondiale, révolution d'Octobre, crise économique de 1929, Guerre civile espagnole, Seconde Guerre mondiale…) accentuent les fuites de personnes loin des violences et des guerres. Au début du XXème siècle, l'Europe fut le point de départs de migrations de masse: exil d'un million de républicains espagnols après 1936, migration d'un demi-million d'Allemande·s désigné·e·s juif·ve·s entre 1933 et 1941, déplacement de dizaines de millions de personnes en Europe de l'Est après 1945… Au XXIème siècle, l'Europe reçoit des flux de migrant·e·s; en provenance d'Amérique du Sud en Espagne, réfugiés de guerre à la suite du « Printemps arabes », migrations dites économiques etc.
Le Trésor de la langue française donne comme première acception du terme Apatride: « personne sans nationalité »; « personne sans patrie » affirme le dictionnaire de María Moliner ; « appartenant ou sujet à aucun État ou régime » selon l'Oxford English Dictionary… Sans nationalité, sans patrie, sujet à aucun territoire… sans espace. Les définitions linguistiques sont différentes selon la langue source et peuvent nous rapprocher de la spécificité de l'exil vécu dans chaque pays. Or, le substantif / adjectif Apatride, dérivé du nom « patrie », n'a jamais été décliné au féminin, alors que les langues emploient le terme « mère » pour parler de la patrie. La « Mère Patrie » devient ainsi un oxymore qui explique l'attachement sentimental à un territoire quelconque. C'est pour cela que réinventer le terme au féminin pour notre colloque est devenu essentiel puisqu'il s'intéressera à l'exil contemporain des XXème et XXIème siècles (politique, économique, climatologique, social, etc.) dans sa spécificité féminine. À ce sujet, et d'après Aprile (2008) nous pouvons distinguer l'exilée de l'exilé:
À partir de multiples trajectoires individuelles, on peut identifier trois figures féminines majeures définies par l'histoire des migrations et appliquées ici à l'exil. La première est celle de l'épouse, la 'femme qui reste' mais qui n'est pas passive, assumant en partie le rôle de l'homme et partageant l'opprobre qui entoure l'exilé. C'est elle qui […] assure la survie financière de la famille et gère à distance patrimoine économique et engagement politique. La deuxième figure féminine qui se dégage est celle de la 'suiveuse' selon le terme employé par Nancy Green, dont le rôle est également à réévaluer dans la structuration et le maintien des réseaux familiaux et, ici, politiques. La
dernière est celle de l'exilée proprement dite, émigrante à part entière, condamnée ou proscrite volontaire partant seule comme les migrantes célibataires.
De ce fait, la question principale sera donc : comment vivre l'exil au féminin ? Existe-t-il une différence vécue entre l'exil masculin et l'exil féminin ?
Sans être exhaustives, nous pourrons nous questionner ainsi sur :
- Le degré d'agentivité des exilées et les manifestations différentes de cette agentivité.
- L'accueil des exilées selon les pays.
- Les déclinaisons des violences vécues en terre « patrie » et en terre « d'accueil ».
- Les stratégies maritales/intimes en exil.
- La perception et les représentations des femmes exilées dans les sociétés d'accueil.
- Femmes de l'ombre célèbres / à l'avant-garde.
- Les réseaux féminins.
- L'enfermement sur soi.
- Les engagements politiques et sociaux des exilées en pays d'accueil.
- Diverses géocritiques de l'exil féminin.
- …
L’association Le souvenir français d’Arradon proposera une exposition sur les personnes Morts pour la France, exposition itinérante qui se tiendra dans les locaux de l’UCO Arradon et dont l’inauguration aura lieu la veille du colloque, le 23 avril à 18h00 sur la Mezzanine de l’UCO, suivi d’un cocktail, et en présence des autorités arradonaises.
Le Souvenir Français du Morbihan appartient à l’association nationale reconnue d’utilité publique depuis 1906. Elle entretient les tombes des « Morts pour la France », participe aux commémorations patriotiques et transmet aux jeunes générations le devoir de mémoire. Cette exposition nous présentera des parcours exceptionnels (militaires et civiles) qui seront mis à l’honneur. En particulier, trois femmes résistantes ont été récupérées par trois étudiantes de troisième année de Sciences de l’Éducation.
De même, le 24 avril à 18h00, se tiendra le premier visionnage en France du film documentaire primé Les Lettres Perdues sur la répression et l’exil des femmes républicaines espagnoles.
« Les Lettres perdues : la prison et l’exil des femmes républicaines commença comme une pièce de théâtre avec des lettres écrites par des femmes pendant le franquisme. La documentation était tellement importante que la productrice Pilar SANCHO et sa directrice et scénariste Amparo CLIMENT, décidèrent d'en faire un film en 2021. Les meilleures actrices espagnoles furent au rendez-vous : Marisa PAREDES (décédée récemment), Alba FLORES (La Casa de Papel), Ana BELÉN (Libertarias)… sans doute, poussées par la force et la revendication qu'entend montrer ce documentaire au moment où les partis d’extrême droite font partie du jeu démocratique.
Les Lettres perdues prétend démontrer la double répression imposée aux femmes pendant le franquisme : être une femme et de gauche n’était pas du tout l’idéal franquiste. De ce fait, les fascistes se sont acharnés contre les femmes progressistes mais aussi contre celles qui étaient en relation avec tout ce qui entourait la République.
Le documentaire est un parcours qui commence en 1936 pour finir en 1945 à travers des lettres réelles et/ou reconstruites à partir des témoignages sur l’histoire de ces femmes : "rapadas", prisonnières, violées, fusillées, exilées… Ces lettres étaient le seul lien affectif avec leurs familles
et elles représentaient pour elles le seul moment possible de dignité. Il s’agit d’un film qui veut rendre hommage à toutes ces femmes oubliées par l’histoire des vainqueurs, qui est encore, malheureusement, la seule histoire que l’on peut étudier en Espagne dans les manuels scolaires. »
Bibliographie (non exhaustive) :
APRILE Sylvie, « De l'exilé à l'exilée : une histoire sexuée de la proscription politique outreManche et outre-Atlantique sous le Second Empire », Le Mouvement Social, 2008, n° 225, p. 27-38 [https://doi.org/10.3917/lms.225.0027].
DIAZ Delphine, DURAND Antonin, SANCHEZ Romy, « Introduction. L’exil intime. Familles, couples et enfants à l’épreuve de la migration contrainte au XIXe siècle », Revue d’histoire du XIXe siècle, 2020, n° 61, p. 8-26 [https://doi.org/10.4000/rh19.7092].
GONZALEZ NARANJO Rocío, LETZ carmen, LYDIC Lauren, ROUASSI Julianne et WELLS Amy, Déclinaisons des espaces féminins de l’après-conflit, Presses Universitaires de Limoges, 2017.
RYGIEL Philippe, « Du genre de l'exil », Le Mouvement Social, 2008, n° 225, p. 3-8 [https://doi.org/10.3917/lms.225.0003].
MOUJOUD Nasima, « Effets de la migration sur les femmes et sur les rapports sociaux de sexe : au-delà des visions binaires », Cahiers du CEDREF, 2008, p. 58.
WESTPHAL Bertrand, La Géocritique. Réel, fiction, espace, Paris, Éditions de Minuit, 2007.
Los siglos XX y XXI han sido importantes en cuanto a desplazamientos de personas en el mundo. Dependiendo de la década, el territorio o la población, estas migraciones han sido políticas, económicas, o las dos. El siglo XX y sus múltiples crisis (Primera Guerra Mundial, Revolución de Octubre, crisis económica de 1929, Guerra civil española, Segunda Guerra Mundial…) acentúa los desplazamientos de personas lejos de las violencias y de las guerras. A principios del siglo XX, Europa fue el punto de partida de las migraciones en masa: exilio de un millón de republicanos españoles después de 1936, migración de medio millón de alemanes designados como judíos entre 1933 y 1941, desplazamiento de decenas de millones de personas en Europa del Este después de 1945… En el siglo XXI, sin embargo, Europa recibe flujos de migrantes de América del Sur en España, refugiados de guerra después
de la "Primavera árabe", migraciones económicas…, etc.
El Trésor de la Langue Française da como primera acepción del término Apátrida lo siguiente: "persona sin nacionalidad"; "persona sin patria" afirma el diccionario de María Moliner; "perteneciente o no sujeto a ningún Estado o régimen" el Oxford English Dictionary… Sin nacionalidad, sin patria, no sujeto a ningún territorio… sin espacio. Las definiciones lingüísticas son diferentes según la lengua de origen y pueden darnos una idea de la especificidad del exilio vivido en cada país. Sin embargo, el sustantivo/adjetivo Apátrida, derivado del nombre "patria", no ha sido nunca declinado en femenino, aunque las lenguas empleen "madre" para referirse a la patria. La "Madre Patria" se convierte de este modo en un oxímoron que explica el apego sentimental a un territorio particular. Por eso,
reinventar el término en femenino para nuestro coloquio ha sido esencial puesto que nos interesaremos en el exilio contemporáneo de los siglos XX y XXI (político, económico, climatológico, social, etc.) en su particularidad femenina. Según Aprile (2008) podemos distinguir la exiliada del exiliado del siguiente modo:
A partir de múltiples trayectorias individuales, podemos identificar tres figuras femeninas mayores definidas por la historia de las migraciones, aplicadas aquí al exilio. La primera es la de la esposa, la ‘mujer que no cambia’ pero que no es pasiva, asumiendo el papel del hombre y compartiendo el oprobio que rodea al exiliado. Ella es la que […] asegura la supervivencia financiera de la familia y administra en la distancia el patrimonio económico y el compromiso político. La segunda figura femenina es la de la 'seguidora', según el término empleado por par Nancy Green, cuyo rol también hay que reevaluar en la estructura y mantenimiento de las redes familiares y, aquí, políticas. La última es la de la exiliada propiamente dicha, emigrante, condenada o proscrita voluntariamente partiendo sola, como las migrantes solteras.
Por ello, la pregunta principal será entonces: ¿Cómo vivir el exilio en femenino? ¿Existe una diferencia vivida entre el exilio masculino y el femenino?
Sin ser exhaustivas, podríamos cuestionarnos sobre los siguientes ejes temáticos:
- El grado de capacidad de acción de las exiliadas y las diferentes manifestaciones de
dicha capacidad. - La acogida de exiliadas según los países.
- Las declinaciones de las violencias vividas en tierra ‘patria’ y en tierra de ‘acogida’.
- Las estrategias maritales/ íntimas en exilio.
- La percepción y la representación de las mujeres exiliadas en las sociedades de
acogida. - Mujeres célebres a la sombra/ a la vanguardia.
- Las redes femeninas.
- El encierro en sí misma.
- Los compromisos políticos y sociales de las exiliadas en los países de acogida.
- Diversas geocríticas del exilio en femenino.
- ...
Bibliografía (no exhaustiva):
APRILE Sylvie, « De l'exilé à l'exilée : une histoire sexuée de la proscription politique outreManche et outre-Atlantique sous le Second Empire », Le Mouvement Social, 2008, n° 225, p. 27-38 [https://doi.org/10.3917/lms.225.0027].
DIAZ Delphine, DURAND Antonin, SANCHEZ Romy, « Introduction. L’exil intime. Familles, couples et enfants à l’épreuve de la migration contrainte au XIXe siècle », Revue d’histoire du XIXe siècle, 2020, n° 61, p. 8-26 [https://doi.org/10.4000/rh19.7092].
GONZÁLEZ NARANJO Rocío, LETZ carmen, LYDIC Lauren, ROUASSI Julianne et WELLS Amy, Déclinaisons des espaces féminins de l’après-conflit, Presses Universitaires de Limoges, 2017.
RYGIEL Philippe, « Du genre de l'exil », Le Mouvement Social, 2008, n° 225, p. 3-8 [https://doi.org/10.3917/lms.225.0003].
MOUJOUD Nasima, « Effets de la migration sur les femmes et sur les rapports sociaux de sexe : au-delà̀ des visions binaires », Cahiers du CEDREF, 2008, p. 58.
Westphal, Bertrand, La Géocritique. Réel, fiction, espace, Paris, Éditions de Minuit, 2007.
Jeudi 24 Avril 2025 | Jueves 24 de abril de 2025
UCo BS - Grand amphi
8h30
Accueil des participants | Acoger a los participantes
9h00
Mot de bienvenue (CHUS, HCTI, UCO) | Discurso de bienvenida (CHUS, HCTI, UCO)
9h30
Conférence plénière par Eva María MORENO LAGO (Université de Séville, Espagne) : « Redes sororas de las exiliadas españolas en Argentina » | Conferencia plenaria de Eva María MORENO LAGO (Universidad de Sevilla) : « Redes sororas de las exiliadas españolas en Argentina »
10h00
Pause café | Pausa café
10h30
Atelier 1 : L’exode et l’accueil | Taller 1: Éxodo y bienvenida
Modération | Moderación : Katell BRESTIC (Université d’Angers)
Richard RONAN (Université Rennes 2) : « Les femmes dans l’exode des réfugiés durant la Première Guerre mondiale. L’exemple du grand Ouest français »
Olivia SALMON MONVIOLA (Université Clermont Auvergne) : « L’accueil des réfugiées espagnoles dans le département
du Puy-de- Dôme. 1937-1939 »
Luisa SEMEDO (Sorbonne Université) : « Exilées AfroQueers : résistances et réinventions identitaires dans les diasporas »
12h00
Pause déjeuner | Pausa para comer
13h30
Atelier 2 : Violences | Taller 2: Violencia
Modération | Moderación : Mariannick GUENNEC (Université Bretagne Sud)
Ana María ALVÉS (École Supérieure d’Éducation de l’Institut Polytechnique de Bragança, Portugal) : « Éthique et identité de l’exil au féminin : Une lecture de Persepolis de Marjane Satrapi »
Naïma BENALLAL (Sorbonne Université) : « Les femmes en demande d’asile victimes de violences dans le contexte de dissuasion migratoire britannique (Hostile Environment policy) »
15h00
Pause café | Pausa café
15h30
Atelier 3 : Agentivité | Taller 3: Agentividad
Modération | Moderación : Rocío GONZALEZ NARANJO (UCO BS)
Ibtissam OUADI-CHOUCHANE (Université de Strasbourg) : « Donner voix aux silences : agentivité et résilience dans
Memorias calladas »
Adrián RIOJA HERRERO (Consejo Superior de Investigaciones Científicas, Madrid, Espagne) : « En la hospitalidad de México. Memoria y compromiso del exilio republicano de 1939 en la obra periodística de Margarita Nelken (1940-1947) »
16h40
Présentation de l’exposition « Le Souvenir Français » par les étudiantes de Sciences de l’Éducation Nolwenn MORIO, Oriane BODIN et Sarah CROSSONNEAU | Presentación de la exposición «Le Souvenir Français» por los alumnos de Ciencias de la Educación Nolwenn MORIO, Oriane BODIN y Sarah CROSSONNEAU
18h00
Projection du film « Las cartas perdidas : La cárcel y el exilio de las mujeres republicanas » (2021) suivie d’un débat avec sa productrice Pilar SANCHO | Proyección de la película «Las cartas perdidas: La cárcel y el exilio de las mujeres republicanas» (2021) seguida de un coloquio con su productora Pilar SANCHO
19h00
Dîner gala - RDV à l'accueil de l'UCO BS (covoiturage) | Cena de gala - Reunión en la recepción de la UCO BS (coche compartido)
Vendredi 25 Avril 2025 | Viernes 25 de abril de 2025
UCO BS - grand amphi
9h00
Atelier 4 : Représentations | Taller 4: Representaciones
Modération | Moderación : Agatha MOHRING (Université d’Angers)
Claudia JAREÑO (CY Cergy Paris Université) et Anne-Claire SANZ-GAVILLON (Université de Rouen-Normandie) : « Migraciones, género y dictaduras en el cómic hispanohablante contemporáneo »
Guillermo JUBERIAS GRACIA (Universitat de València, Espagne) : « Exilio y experiencia femenina durante y tras la Guerra Civil: los documentales Cartas a María (2014) y Cinco Hermanas (2019) »
Marie-Laure SARA-DE-LA VAISSIÈRE : « Madre e hija tras el exilio: el diálogo de la resistencia chilena en la obra de Mónica Echeverría y Carmen Castillo »
10h30
Pause café | Pausa café
11h00
Atelier 5 : Agir en politique | Taller 5: Actuar en política
Modération | Moderación : Sheena TRIMBLE (UCO Angers)
Celine HENRY-AGYEMANG (University of Bristol, UK) : « Famous and Forgotten Women in Exile: A re-examination
of ‘Queen Mothers’ in the Exile of Asante King Prempeh I 1896-192 »
Turkay GASIMOVA (University of Padova, Italie) : « Famous and Forgotten Women in exile: The case of émigré
author Banin (1905-1992) »
12h00
Pause déjeuner | Pausa para comer
13h30
Conférence de clôture par Amy WELLS (Université de Caen-Normandie) : « ‘Sexils’. L’exil sexuel : la libération de l’esprit et du corps dans les écrits de Nathalie Barney et Kay Boyle » | Conferencia de clausura de Amy WELLS (Université de Caen-Normandie) : « ‘Sexils’. L’exil sexuel : la libération de l’esprit et du corps dans les écrits de Nathalie Barney et Kay Boyle »
- Katell Brestic (Université d'Angers)
- Mariannick Guennec (Université Bretagne Sud)
- Agatha Mohring (Université d'Angers)
- Mercedes Arriaga (Universidad de Sevilla, Espagne)
- Manuel Aznar Soler (Universitat Autònoma de Barcelona, Espagne)
- Bertrand Westphal (Université de Limoges)





