À table ! Psychanalyse, cuisine et langage

Cette journée d'étude est organisée dans le cadre du champ thématique transversal « Clinique contemporaine de la langue et émergences subjectives » du Laboratoire RPPsy.

« À table ! », s'époumone celui ou celle qui voudrait réunir autour de ladite, le Un de la famille. Vœu bien légitime et nécessaire, sans doute, qui fera à chacun.e une place. Pour autant, la demande de l'Autre ne manquera pas de buter ici sur les résistances des sujets, petits ou grands, à rejoindre le cercle. « J'arrive ! », répond l'enfant, désirant secrètement gagner un peu de temps... encore, affairé qu'il était à faire, Ailleurs, son truc. Ici déjà, se dévoile que le lieu de la table sera aussi l'espace-temps où se rencontreront, pour le meilleur et pour le pire, la parole autant que son interdit. Le langage, démontre par ailleurs Lacan, viendra toujours dénaturer ce qu'il y avait dans l'assiette, faisant dériver l'objet du besoin en objet cause de désir, dont la pulsion fera le tour. Non seulement manger, donc, mais aussi goûter, déguster, grignoter, bouffer, dévorer, s'empiffrer, recracher... Et cela, pas sans l'Autre. Ainsi l'amour et la haine donneront-ils aux plats des saveurs particulières, sucrées ou amères, et les éterniseront sur l'écran de nos souvenirs. En témoignent les mets préférés de notre enfance, que l'on demandait, encore, autant que ceux détestés, quand l'Autre nous enjoignait de finir l'assiette. Il y a donc une clinique de la table, que l'inconscient ne manquera pas de nous rappeler, dressant dans nos rêves et cauchemars de curieux banquets, pour de curieux invités. Notre journée sera ainsi l'occasion de questionner en quoi la cuisine est dépendance... au désir de l'Autre. Diverse selon les cultures, l'assiette est le lieu où se noueront et dénoueront les passions du parlant. L'adage populaire nous le soufflait déjà : « Mange donc, tu ne sais pas qui te mangera ».

Participeront notamment à cette journée Claudine HUNAULT, autrice de « Je me petit-suicide au chocolat » (éd. Le Nouvel Attila), Hélène L'HEUILLET, autrice de « Le vide qui est en nous » (éd. Albin Michel), et Lauren MALKA, autrice de « Mangeuses » (éd. Points).