Science politique
Le Pôle Science politique de l'IRB est divisé en 5 axes :
- Régimes, peuples et élites
- Politique et religion
- Éthique de la guerre et diplomatie
- Enjeux territoriaux, entre enracinement et développement
- Le jugement politique
Régimes, peuples et élites
La question des régimes politiques est au cœur de la science politique classique. Cette question conduit à une analyse institutionnelle, concernant l'organisation des pouvoirs et les modalités de leur exercice, mais elle implique aussi une interrogation sociale et morale. Sociale, parce que l'organisation des pouvoirs inclut toujours une certaine dynamique entre le peuple et les élites. Morale, parce que chaque régime se réfère à certains critères de légitimité et de justice, et implique une certaine idée des vertus et des motifs propres aux acteurs sociaux et politiques. La réflexion sur la monarchie a ainsi toujours impliqué une conception du bon prince, comme la théorie de la démocratie a toujours impliqué une réflexion sur les vertus du peuple et sur les motifs des élites. Notre équipe de recherche se veut ainsi particulièrement attentive à cette dimension normative de la vie et des institutions politiques. Elle entend ainsi restituer aux idées, aux vertus et aux motifs de l'âme un rôle essentiel dans l'élucidation des phénomènes politiques.
Politique et religion
Politique et religion renvoient à des réalités à la fois distinctes et constamment entrelacées. On le mesure sans peine quand on regarde honnêtement le monde autour de nous (que l'on songe à l'essor de l'islam politique, à la situation d'Israël, aux controverses qui concernent l'Église), mais cela se manifeste aussi lorsqu'on se propose de comprendre la dynamique des sociétés modernes ou certains traits des régimes politiques. Les notions de « sécularisation » ou de « désenchantement du monde », qui servent souvent à décrire la dynamique moderne, ne prennent par exemple leur sens qu'en référence à une matrice théologico-politique antérieure. De la même façon, la notion de « religion séculière » a parfois été mobilisée pour désigner la singularité des grandes idéologies du XXème siècle et une tentation récurrente des conceptions politiques modernes. Ces traits bien connus de la vie intellectuelle et sociale autorisent à affirmer que la pleine compréhension du politique requiert la considération de motifs qui semblent appartenir au religieux et que, inversement, l'intelligence du religieux peut trouver des éclaircissements dans l'analyse du politique. Notre recherche vise donc à approfondir la compréhension pratique de cette conjonction constante du politique et du religieux, qu'on la poursuive du point de vue historique, conceptuel ou institutionnel.
Éthique de la guerre et diplomatie
La science politique pratiquée dans notre unité de recherche ne saurait séparer l'analyse institutionnelle et morale d'une communauté politique de l'étude des relations internationales. Notre équipe vise en particulier à examiner la guerre et la diplomatie, à travers trois dimensions. La première comporte une interrogation anthropologique, attentive à discerner ce que la guerre peut révéler de la nature ou de la condition humaine, mais aussi à ce qu'elle peut faire de l’homme et de la condition humaine – si l'on pense par exemple aux évolutions technologiques qui conduisent aujourd'hui au soldat augmenté. Ensuite, nous aspirons à analyser la place de l'éthique et du droit dans la stratégie et la conduite de la guerre, aussi bien que dans la logique diplomatique, dans la lignée des préoccupations classiques sur la guerre juste. Enfin, il nous importe d'inscrire l'analyse de la guerre dans une analyse des régimes politiques, de ce qu'on appelle les civilisations ou des rapports entre les religions. Par exemple, les différents régimes n'impliquent pas le même rapport à la force armée et à la mobilisation militaire des citoyens. Une science des relations internationales ne peut donc s'émanciper de la science des régimes politiques ou de l'analyse des réponses données par les communautés à la question de la vie bonne.
Enjeux territoriaux, entre enracinement et développement
L'étude des territoires est motivée par deux préoccupations dont notre unité de recherche vise à explorer les rapports : celle pour le « développement », selon l'expression scientifique et politique consacrée, et celle pour « l'enracinement », pour reprendre le concept philosophique de Simone Weil. Le développement s'entend aujourd'hui surtout comme un enjeu liant l'économie, la technologie et l'écologie. Mais le territoire renvoie aussi à l'inscription de la personne dans une communauté symbolique, morale et historique qui lui donne une bonne part de ses expériences morales et politiques. La place des bâtiments culturels et religieux dans les villes, la troisième révolution agricole, la réinscription de la démocratie à l'échelle locale, la présence des services publics à travers les pays sont quelques exemples d'enjeux territoriaux retenant notre attention. Il nous importe donc de voir comme ces différentes dimensions peuvent être liées et mises en œuvre à travers les diverses actions publiques, de l'échelle locale à l'échelle internationale.
Le jugement politique
Qu'est-ce qu'un jugement politique ? Cette question classique se pose avec une acuité particulière dans nos régimes libéraux, où le jugement politique semble tantôt placé sous l'autorité du jugement expert fondé sur la compétence (notamment en matière économique), tantôt sous l'autorité du jugement moral, fondé sur des valeurs immédiatement universelles (jugement qui peut aussi relever, du reste, de la compétence juridique ou de l'autorité religieuse). Dès lors, l'enjeu de cette question est double. Il s'agit d’une part de comprendre la logique, les ressorts et les tensions constitutives du jugement politique, dans la continuité des réflexions aristotéliciennes sur la phronêsis. Mais il s'agit aussi de comprendre comment un tel jugement s'articule à ceux qui peuvent le concurrencer ou se prévaloir d'une autorité plus grande. Si le jugement économique repose par exemple sur une « expertise » apparemment indépendante de nombreux enjeux politiques, il va pourtant de soi que la décision politique doit intégrer ce jugement. Comment l'action politique doit-elle alors articuler des jugements qui se prévalent de logiques distinctes ? Comme le jugement politique peut-il contribuer à l'intelligence et à la mise en œuvre du bien commun d'une nation et au bien commun de l'humanité ?