Joël Barba
Doctorant.e
Joël Barba
L'interprétation en psychanalyse
Pour J. Lacan, l’interprétation analytique n’est pas faite pour être comprise; elle est faite pour produire des vagues, des effets.
Dans le séminaire « l’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre » (1977), il nous dit plus précisément que l’interprétation correcte auprès d’un analysant sous transfert, est celle qui va permettre « d’en lâcher un bout » et il ajoute, que l’interprétation juste est celle qui intervient « juste à temps » et « qui éteint le symptôme ».
Pour Lacan, le symptôme est réel, il est l'effet même du symbolique sur le réel, d'où sa double face, l'une comme message à déchiffrer ou ayant un sens et l'autre comme noyau de réel, pure jouissance, réel qui résiste au sens.
C'est dans le séminaire "R.S.I." (1975) que Lacan nous parle d’un type d’interprétation qui n’implique pas forcément une énonciation et un surplus de sens. Il se demande si la "jaculation", distincte de l'usage habituel des mots, est un mode d’interprétation dont l’effet de sens est « réel ». Dans cette apparente contradiction entre « sens » et « réel », il nous faut entendre par « jaculation », la façon de l’analyste de dire les mots, les lettres, la façon de leur donner une tonalité, un rythme.
L'interprétation apophantique vient faire écho avec "lalangue" maternelle, avec les premières traces sonores inscrites au cœur même de l'inconscient. Et si la « lalangue » ne se confond pas avec l’inconscient, elle participe à sa structure et à celle de ses formations. Dans le séminaire "Encore" (1972-1975) Lacan précise :
« Mais l’inconscient est un savoir, un savoir-faire avec lalangue... ».
Dans le contexte d’une cure analytique et s’agissant d’analysants présentant des troubles névrotiques, comment peut-on comprendre l’interprétation sous le mode de la jaculation et sa résonnance sur la jouissance du symptôme ? Autrement dit, comment l’interprétation apophantique et son usage de la jaculation a un effet de sens réel sur du réel du symptôme.
D’où l'hypothèse que nous formulons ainsi : en entrant en résonance avec les sonorités de la « lalangue » et les lettres de la jouissance, l’interprétation apophantique sous son mode jaculatoire éteint le symptôme névrotique.