Écriture, subversion et utopie dans l'œuvre du chorégraphe Bernardo Montet

Conférence d'Isabelle ELIZÉON, docteure en arts de la scène et sciences des arts (Institut de Recherche en Etudes Théâtrales (IRET), Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3), metteure en scène et dramaturge, porteuse du programme de recherche en danse « L’être dansant dans l’œuvre de Bernardo Montet – Une pensée de la Relaton. Pour une anthropologie philosophique de la danse » soutenu par le Centre National de la Danse (CND).

"Une pièce où il n'y aurait pas cette volonté, cet appétit de vie aveugle, et capable de passer sur tout, visible dans chaque geste et dans chaque acte, et dans le côté transcendant de l'action, serait une pièce inutile et manquée. " Antonin Artaud. Le théâtre et son double

Il faudrait sans aucun doute repartir de cette phrase d'Artaud pour saisir une partie de l'engagement de Bernardo Montet dans la vie et dans la danse. Et nous pourrions d'ailleurs dire aussi dans la danse de la vie. Que ce soit dans la création ou dans la transmission - qui pour Montet relève également de l'acte de création - le chorégraphe n'envisage pas un engagement moindre que celui prôné par Artaud, ou encore par les maîtres de Butō, tels Hijikata, Ōno ou plus tard Murobushi.

Pourquoi cette pensée, cette posture serait-elle radicale ? Parce qu'elle relève de l'utopie, de ce désir toujours à chercher, jamais atteint, de ce sens à inventer toujours et à offrir à chaque battement, chaque geste, chaque acte, du plus infime au plus grand. La radicalité pour Montet est vitale car elle est appétit de vie, impulsion irraisonnée qui devrait brûler toutes les contingences.

C'est ce que nous explorerons durant cette conférence sur l'être dansant chez Bernardo Montet, au travers de l'écriture incarnée, subversive et utopique de deux œuvres emblématiques, "Pas de ciel" et "Issê Timossé", en collaboration respectivement avec le cinéaste Teo Hernandez et l'écrivain Pierre Guyotat.