Aller au contenu principal
Colloque international

Colloque du GER ComEnSS (Communication, Environnement, Science et Société) | GER ComEnSS Colloquium (“Communication, Environment, Science and Society” Study and Research Group)

La Communication environnementale : des racines d’hier aux horizons de demain. Pour la construction épistémologique d’un nouveau champ académique et de pratiques

De nombreux rapports et ressources, à l’échelle locale (Agence régionale de la biodiversité en France), nationale (Office français de la biodiversité, Viginature) ou mondiale (GIEC, IPBES, UICN, WWF1), alertent aujourd’hui sur l’urgence climatique et sur l’effondrement de la biodiversité. On constate que « la nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine - et [que] le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier » (IBPES, 2019)2. Ces sources pointent, entre autres, l’importance des institutions, des gouvernances et des politiques dans la proposition de solutions et de savoirs nouveaux :

« Une action climatique efficace est rendue possible par un engagement politique, une gouvernance à plusieurs niveaux bien alignée, des cadres institutionnels, des lois, des politiques et des stratégies et un accès amélioré au financement et à la technologie. [...] Un développement résilient au changement climatique tire profit de la diversité des connaissances. » (IPCC, 20233).

En filigrane, ces ressources soulignent l’importance des Sciences humaines et sociales concernant les questions environnementales et écologiques, étroitement liées à notre rapport aux savoirs sur ce sujet et à leur construction dans le temps et l’espace. De même, elles font aussi écho à la médiatisation et à la mise en visibilité de formes multiples de mobilisations sur ces enjeux saisis aujourd’hui par les chercheurs (Colloque du GER ComEnSS, 2023).

Sous l’angle des Sciences de l’Information et de la Communication (SIC), et plus spécifiquement de la communication environnementale, l’objectif de ce colloque est d’essayer de comprendre les multiples relations que les sciences, les techniques, les sociétés, leurs discours et leurs récits entretiennent « dans la complexité de leurs époques et de leurs objets » (Coutellec, 2015). Il s’agit de mettre en discussion les sciences mais aussi les savoirs qui nourrissent et constituent le champ (pluri)disciplinaire de la communication environnementale, sans oublier son caractère pluriel et poreux à laquelle s’adosse nécessairement une réflexion d’ordre éthique et philosophique.

De nombreux travaux inscrits dans le champ des SIC francophones ont ainsi montré l’importance de cette dynamique de recherche et de ce courant dans notre discipline et ses liens avec d’autres courants majeurs (CPDIRSIC, 2019). Ainsi, le travail effectué par Andrea Catellani, Céline Pascual Espuny, Pudens Malibabo Lavu et Béatrice Jalenques Vigouroux (2019) dresse un état des lieux des travaux menés en communication environnementale. De même, dans un effort d’épistémisation des SIC, soulignons également l’apport majeur des travaux initiaux de Françoise Bernard à partir du concept d’Anthropocène4 pour « explorer les questions des interrelations » entre techniques, cultures, sciences et sociétés élargies à la nature, et, dès lors, dépasser « les catégories de l’anthropocentrisme, du technocentrisme et du naturocentrisme » (Bernard, 2018).

Si la communication environnementale prend ses origines occidentales outre-Atlantique, toute une littérature apparaît en France dès les années 70 (Boillot Grenon, 2015). En effet, pointons des textes précurseurs avec un fort retentissement comme Almanach d'un comté des sables publié en 1949 par Aldo Leopold, Silent Spring de Rachel Carson publié en 1962 ou celui de J. Baird Callicott qui publie en 1989 un recueil d'essais In Defense of the Land Ethic. Mais depuis quelques décennies, force est de constater qu’avec la montée en puissance de discours et de récits sur la question « environnementale » et « écologique » dans l’espace public (Catellani & Errecart, 2023), la communication environnementale est à la fois un champ de recherche académique et un espace de pratiques en plein essor (Vigneron et Francisco, 1996 ; Kane, 2016) et qu’il convient d’interroger. Enfin, mentionnons d’autres voix qui se font également de plus en plus visibles dans les espaces médiatiques en Occident sur les enjeux et problématiques environnementaux et qui croisent d’autres interrogations propres aux dynamiques éthiques, politiques et philosophiques de la communication : citons, par exemple, la publication de l’ouvrage Plurivers. Un dictionnaire du post-développement publié en 2022 ; Restons vivantes. Femmes, écologie et lutte pour la survie publiée en 1988 puis réédité en 2010 ou, plus récemment, Mémoires terrestres sorti en 2023 de l'écrivaine et militante Vandana Shiva.

Ces réseaux de chercheurs et de penseurs mettent en mots, en images, ou en sons ces défis inédits appelant à définir ou à redéfinir leurs objets d’étude. Dans cette perspective, ils invitent à une attention concernant la construction des savoirs, conduisant à une nécessaire critique épistémologique. Soulignons, par exemple, le besoin de mettre en discussion certaines conceptions, comme celle qui oppose « Nature » et « Cultures » en Occident, héritière du siècle des Lumières (Lévi-Strauss, 1962 ; Descola, 2005, 2021 ; Martin, 2016, 2022 ; Stépanoff, 2021, 2022). Par conséquent, comment les concepts, les terrains, les dispositifs scientifiques et les connaissances qui en résultent mettent au jour la réalité d’un regard, d’une vision sur le monde, d'une écologie des relations, des subjectivités ou encore d'intentionnalités ? Ainsi, les défis auxquelles les SIC, et notamment la communication environnementale et les champs disciplinaires qui les traversent, soulèvent « des interrogations critiques et réflexives » (Babou, 2017) sur le fond comme sur la forme de ces connaissances diverses et variées. En empruntant les mots de l’anthropologue Nastassja Martin, il y a une nécessité « de faire résonner deux formes : la description fine des situations vécues, et l’analyse passant souvent par la construction d’un édifice intellectuel pour les comprendre. » (Martin, 2021)

Au-delà d’une simple investigation des origines et de l’institutionnalisation historique et sociale de ce champ de recherche, il nous semble opportun d’examiner et de questionner, à ce stade de son développement, la dimension épistémologique de la communication environnementale, c’est-à-dire « la manière dont les connaissances scientifiques sont acquises et validées » (Ibekwe-Sanjuan et Durampart, 2018). Rendre explicites les théories épistémologiques sous-jacentes aux travaux développés dans une discipline permet d’en apprécier les connaissances produites et leurs complexités (Ibid.). Ces éléments résonnent par ailleurs avec les enjeux épistémologiques du passage de l’objet concret à l’objet scientifique (Davallon, 2004) « communication environnementale », c’est-à-dire ce qui fait sa spécificité au sein des SIC tout en nourrissant à son tour ces dernières d’« objets » nouveaux à même de « construire » des pratiques, des dynamiques, des médiations et des savoirs nouveaux.

 

1 GIEC : Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ; IPBES : Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques ; UICN : Union internationale pour la conservation de la nature ; WWF : World Wildlife Fund

2 Site internet ipbes.net : https://www.ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr (consultation le 24/06/2024)

3 Site internet ipcc.ch (IPCC : Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) : https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/resources/spm-headline-statements/ (consultation le 24/06/2024).

4 En février 2000, à l’occasion d’un congrès organisé à Cuernavaca, au Mexique, par le Programme international géosphère-biosphère (IGBP), le Néerlandais Paul Crutzen, connu pour ses travaux sur la couche d’ozone atmosphérique qui lui ont valu le prix Nobel de chimie, proposait de prendre acte de ce que l’Holocène avait pris fin et que nous étions entrés dans une nouvelle époque géologique : l’Anthropocène. MAGNY Michel, « Introduction », dans : Michel Magny éd., L'Anthropocène. Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2024, p. 3-5.

Environmental Communication: from Yesterday's Roots to Tomorrow's Horizons. For an epistemological construction of a new academic field and practice

Numerous reports and resources, on a local (Regional Biodiversity Agency in France), national (French Biodiversity Office, Viginature) or global (IPCC, IPBES, IUCN, WWF1) scale, are now warning of the climate emergency and the collapse of biodiversity. We thus observe that "nature is declining globally at a rate unprecedented in human history - and [that] the rate of species extinction is accelerating, already having serious effects on human populations worldwide" (IPBES, 2019, translation ours)2. These sources highlight, among other things, the importance of institutions, governance and policies in the proposals for solutions and new knowledges:

Effective climate action is made possible by political commitment, well-aligned multi-level governance, institutional frameworks, laws, policies and strategies, and improved access to finance and technology … Climate-resilient development benefits from the diversity of knowledge (IPCC, 2023, translation ours)3.

Such sources also underline the importance of the Humanities and Social Sciences when it comes to environmental and ecological issues, which are closely linked to our relationship with knowledge on this subject and its construction in time and space. Similarly, they also echo the media coverage and visibility of the many forms of mobilization on these issues that are now being grasped by researchers (GER ComEnSS Colloquium, 2023).

From the perspective of Communication and Information Sciences (CIS), and more specifically Environmental Communication, the aim of this colloquium is to try understanding the multiple relationships that science, technology, society, their discourses, and their narratives "in the complexity of their times and their objects" (Coutellec, 2015, translation ours). The aim is to discuss the sciences, but also the knowledge that nourishes and constitutes the (multi)disciplinary field of Environmental Communication, without forgetting the plural and porous nature of this field, which is necessarily underpinned by ethical and philosophical reflections.

Numerous scholarly works in French-language CIS have already shown the importance of this research dynamics and such current of thought in our discipline and its links with other major currents (CPDIRSIC, 2019) Thus, the work done by Andrea Catellani, Céline Pascual Espuny, Pudens Malibabo Lavu and Béatrice Jalenques Vigouroux (2019), which takes stock of the scholarship within the study of Environmental Communication. Likewise, in an effort to epistemize Communication and Information Sciences, we should also highlight the major contribution of Françoise Bernard's initial work, based on the concept of the Anthropocene4, to "explore the questions of interrelations" among techniques, cultures, sciences and societies extended to nature, and thus to go beyond "the categories of anthropocentrism, technocentrism and naturocentrism" (Bernard, 2018, translation ours).

Although environmental communication originated in the West, a whole literature appeared in France in the 1970s (Boillot Grenon, 2015). However, we should not forget the precursory texts such as Aldo Leopold's A Sand County Almanac published in 1949, Rachel Carson's Silent Spring published in 1962 or J. Baird Callicott's collection of essays In Defense of the Land Ethic published in 1989. Over the last few decades, however, it has become clear that with the rise of discourses and narratives on 'environmental' and 'ecological' issues in the public arena (Catellani & Errecart, 2023), Environmental Communication is both a field of academic research and a burgeoning area of practice (Vigneron and Francisco, 1996; Kane, 2016) that needs to be examined. Finally, there are other voices that are also becoming increasingly visible in the Western media on environmental issues and problems, and which intersect with other questions specific to the ethical, political and philosophical dynamics of communication. One can cite, for example, the publication of Pluriverse. A Post-Development Dictionary in 2019; Staying Alive: Women, Ecology, and Development, published in 1988 and republished in 2010 or, more recently, Terra Viva: My Life in a Biodiversity of Movements, published in 2022 by writer and activist Vandana Shiva.

These networks of researchers and thinkers have put into words, images, and sounds these new challenges that call for their objects of study to be defined or redefined. From this perspective, they invite attention to the construction of knowledge, leading to a necessary epistemological critique. For example, there is a need to question certain conceptions (such as those which oppose Nature and Culture in the West, inherited from the Enlightenment (Lévi-Strauss, 1962; Descola, 2005, 2021; Martin, 2016, 2022; Stépanoff, 2021, 2022). How, then, do the resulting concepts, fields, scientific devices and knowledge bring to light the reality of a view, a vision of the world, an ecology of relationships, subjectivities, and intentionalities? Thus, the challenges facing CIS, and in particular, Environmental Communication and the disciplinary fields that intersect with them, raise "critical and reflexive questions" (Babou, 2017, translation ours) about the substance as well as the form of diverse and varied knowledge. In the words of anthropologist Nastassja Martin, there is a need "to make two forms resonate: the detailed description of situations experienced, and the analysis often involving the construction of an intellectual edifice to understand them" (Martin, 2021, translation ours).

Beyond a simple investigation of the origins and historical and social institutionalization of this field of research, it seems appropriate to examine and question, at this stage of its development, the epistemological dimension of Environmental Communication, i.e. "the way in which scientific knowledge is acquired and validated" (Ibekwe-Sanjuan & Durampart, 2018, translation ours). Making explicit the underlying epistemological theories developed in works within a discipline thus makes it possible to appreciate the knowledge produced, as well as its complexities (Ibid.). These elements also resonate with the epistemological issues at stake in the transition from the concrete object to the scientific object (Davallon, 2004) of "environmental communication", i.e. what makes it specific within CIS, while in turn nourishing the latter with new "objects" capable of "constructing" new practices, dynamics, mediations and knowledge.

 

1 IPCC: Intergovernmental Panel on Climate Change; IPBES: Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services; IUCN: Internationale Union for the Conservation of Nature; WWF: World Wildlife Fund

2 See https://www.ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr (consulted on 24/06/2024)

3 See IPCC website : https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/resources/spm-headline-statements/ (consulted on 24/06/2024)

4 In February 2000, at a congress organised in Cuernavaca, Mexico, by the International Geosphere-Biosphere Programme (IGBP), the Dutchman Paul Crutzen, known for his work on the atmospheric ozone layer for which he was awarded the Nobel Prize in Chemistry, proposed that we take note of the fact that the Holocene had come to an end and that we had entered a new geological epoch: the Anthropocene. MAGNY Michel, "Introduction", in: Michel Magny ed, L'Anthropocène. Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, "Que sais-je?", 2024, p. 3-5.

Babou I., « L’atelier politique de la nature. Des grands partages à l’expérience sensible », Questions de communication, 2017/2 (n° 32), p. 7-28.

Babou I., Rationalité & nature. Une approche communicationnelle, Université Paris-Diderot, Paris VII, 2010.

Bernard F., « Les SIC et l’« Anthropocène » : une rencontre épistémique contre nature ? », Les Cahiers du numérique, 14, 2018, p. 31-66.

Boillot Grenon, F. (2015). L’émergence tardive de la communication de l’environnement et du développement durable. Hermès, La Revue, 71, p. 161-163.

Bourg D., Fragnière A., La pensée écologique, Paris, PUF, 2014.

Callicott J. B., In defense of Land Ethic: Essays in Environmental Philosophy, State University of New York Press, 1989.

Cantrill J. G., “Social science approaches to environment, media, and communication” in Anders Hansen & Robert Cox (Eds), The Routledge Handbook of Environment and Communication, 2nd edition, Taylor & Francis, 2022.

Carson R., Printemps silencieux, SL, Wildproject, 1962, 1963, 1994, 2009.

Catellani A, Pascual Espuny C., Malibabo Lavu P. et Jalenques Vigouroux B., « Les recherches en communication environnementale », Communication, Vol. 36/2, 2019.

Charbonnier P., Culture écologique, SL, Presses de Sciences Po, 2022.

CPDIRSIC : Conférence permanente des directeurs·trices des unités de recherche en sciences de l’information et de la communication, Dynamiques des recherches en sciences de l’information et de la communication, 3e édition revue et complétée, 2019

Coulbaut-Lazzarini A., Couston F., « Manifeste pour penser la communication environnementale à la lumière des liens humains/non-humains », Revue française des sciences de l’information et de la communication, 21, 2021.

Coutellec L., La science au pluriel. Essai d’épistémologie pour des sciences impliquées, SL, Éditions Quæ, 2015.

Cox, R. (2007), « Nature’s « crisis disciplines »: Does environmental communication have an ethical duty ? », Environmental Communication: A Journal of Culture and Nature, 1(1), p. 5-20.

Cox R. & Depoe S., « Emergence and growth of the field of environmental communication », in Anders Hansen & Robert Cox (Eds), The Routledge Handbook of Environment and Communication, 2nd edition, Taylor & Francis, 2022.

D’Almeida N., de Cheveigné S. et Jeanneret Y. (dir.), La Place des NTIC dans l’emergence, l’appropriation et le débat autour d’un objet environnemental : le cas des rejets polluants, rapport de recherche GRIPIC pour le Programme « Concertation, décision, environnement », Paris, ministère de l’Environnement et du Développement durable, 2004.

Davallon J., Grandmont G., Schiele B., L’Environnement entre au musée, Lyon/Québec, Presses universitaires de Lyon/Musée de la civilisation, 1992.

Descola P., Les formes du visible, Paris, Seuil, 2021.

Descola P., Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005.

Evans Comfort S., Eun Park Y., « On the field of environmental communication: A systematic review of the peer-reviewed literature », Environmental Communication, 12(7), 2018, p. 862-875.

Hoang A.-N, Mellot S. et Prodhomme M., « Le numérique questionné par l’éthique située des écologies politiques », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 25, 2022.

Ibekwe-Sanjuan F., Durampart M., « Le pluralisme épistémologique et méthodologique en recherche scientifique », Les Cahiers du numérique, 14, 2018, p. 11-30.

Johnson T. N., Dressler K. I., Hernandez N. & Endres D., « Environmental justice. The third pillar of environmental communication research », in Anders Hansen & Robert Cox (Eds), The Routledge Handbook of Environment and Communication, 2nd edition, Taylor & Francis, 2022.

Jurin R. R., Roush D., Danter K. J., Environmental Communication, second édition, Springer, 2010.

Kane O., La communication environnementale. Enjeux, acteurs et stratégies, Paris, L’Harmattan, 2016.

Kinji I., Comment la nature fait science. Entretiens, souvenirs et intuitions, Traduit du japonais et présenté par Augustin Berque, SL, Éditions Wildproject, 2022.

Kothari A., Salleh A., Escobar A.,Demaria F., Acosta A. (dir.), Plurivers. Un disctionnaire du post-développement, SL, Wildprpject, 2022.

Latour B., « Composer un monde commun », Études, 2015, p. 69-78.

Latour B., Nous n’avons jamais été modernes, Paris, La découverte, 1991, 1997.

Leopold A., Almanach d'un comté des sables, Nouvelle édition, Paris, Flammarion, 1949, 2017.

Levi-Strauss C., La pensée sauvage, Paris, Pocket, 1990.

Martin N., « Dire la fragilité des mondes. L’anthropologie ou l’écriture du commun », Revue du Crieur, 2021/1 (N° 18), p. 4-19.

Martin N., À l'est des rêves. Réponses Even aux crises systémiques, Paris, La Découverte, 2022.

Martin N., Les âmes sauvages. Face à l’Occident, la résistance d’un peuple d’Alaska, Paris, La Découverte, 2016.

Peeples J. & Murphy M., « Discourse and rhetorical analysis approaches to environment, media, and communication », in Anders Hansen & Robert Cox (Eds), The Routledge Handbook of Environment and Communication, 2nd edition, Taylor & Francis, 2022.

Pezzullo, P. C., & Cox, R. (2017). Environmental communication and the public sphere. SAGE Publications.

Ramachandra G., How Much Should a Person Consume? Environmentalism in India and the United States, Berkeley (Calif.), University of California Press, 2006.

Ramachandra G., Varieties of Environmentalism. Essays North and South (avec Joan Martinez Alier), Londres, Routledge, 1997.

Serres M., Relire le relié, coll. « Essais & Documents », Paris, Éd. Le Pommier, 2019.

Theys J., L’Environnement, à la recherche d’une définition, Notes de méthode, n° 1, Paris, IFEN éditeur, 1993.

Vandana S., Restons vivantes. Femmes, écologie et lutte pour la survie, SL, Rue de l’échiquier, 1988, 2010, 2022.

Vigneron J., Franscisco L., La Communication environnementale, Paris, Economica, 1996.

Dans le cadre de cet appel, nous avons la volonté de réunir :

« dans un même espace de réflexion des interrogations sur les savoirs – dans toute leur diversité -, ainsi que sur les milieux et la manière dont ils sont habités par les sociétés. Cette interrogation des savoirs s’accompagne de revendications concernant le renouvellement des épistémologies » (Babou, 2017).

Ainsi, nous souhaitons orienter les discussions sur les fondements, les héritages, les devenirs, mais aussi, faire entendre les autres voix qui nourrissent ce champ disciplinaire fécond et assez récent. Comment apportent-ils des réponses, ou plutôt de nouvelles questions et postures à partir des savoirs acquis, conservés et transmis (qu’ils soient scientifiques ou autres) ? Comment se confrontent-ils aux défis environnementaux et écologiques actuels ?

A la lumière des travaux existants, il est possible de caractériser certains traits saillants, quasi-définitoires du champ de la communication environnementale :

  • Son champ interdisciplinaire1et pluridisciplinaire ;
  • Son impératif éthique2 ;
  • Sa dimension pragmatique ;
  • Sa part sensible ;

Plus précisément, pour tenter de réfléchir à ce dessein, il nous semble intéressant de l’envisager sous un certain nombre de perspectives susceptibles de le déplacer pour l’enrichir et l’approfondir, interrogeant au passage la rationalité des « Modernes » face à la Nature (Babou, 2010). Nous appréhendons ainsi cet appel à communication à partir de cinq axes :

1. Situer la communication environnementale dans une « pensée écologique » :

Comment la communication environnementale prend-t-elle sens dans le cadre plus global d’une pensée écologique qui « consiste en une interprétation à nouveaux frais de la place de l’humanité au sein de la nature, en termes de limites de la biosphère, de finitude de l’homme, et de solidarités avec l’ensemble du vivant », sachant qu’elle « propose un déplacement et une reconfiguration des cadres de pensée eux-mêmes » (Bourg et Fragnière, 2014) ?

Avec ce premier axe, nous souhaitons inscrire le champ de la communication environnementale dans la/les pensée.s écologique.s contemporaine.s et prendre acte d’une adhésion à ce fondement de pensée structurant.

2. Historiciser la communication environnementale, des origines américaines aux déploiements contemporains :

Une investigation archéologique de l’émergence de la communication environnementale dans le contexte états-unien permettra de saisir les conditions de possibilité de ce champ de recherche, avec ses présupposés scientifiques, institutionnels, sociaux et culturels.

Issue initialement de la tradition académique rhétorique, le champ de la communication environnementale américaine est devenu aujourd’hui « un champ d'investigation transdisciplinaire » (Cox et Depoe, 2022, p. 13). Il repose sur certaines « hypothèses de travail » (working hypotheses) qui sont aussi des « hypothèses épistémologiques » (epistemological assumptions) telles que l’hypothèse constructionniste selon laquelle les processus sociaux et symboliques, et les processus environnementaux s’impliquent les uns dans les autres, ou l’hypothèse qui postule que les représentations de la nature et de l’environnement incarnent des orientations intéressées qui en résultent (Ibid., p. 16). On a aussi identifié quelques « questions heuristiques » qui ont suscité un large éventail de thématiques dans le domaine de la communication environnementale américaine : les représentations de la nature et de l’environnement par les personnes de diverses communautés et dans des conditions sociales, géographiques et ethniques ou indigènes différentes ; les relations entre la communication, les valeurs, les croyances et les perceptions des individus et leurs comportements environnementaux (Ibid., p. 17) pour ne citer que quelques exemples importants.

Force est de noter que la dynamique de développement et la force heuristique de la communication environnementale américaine provient d'un large éventail de traditions théoriques et disciplinaires, telles que la rhétorique critique et l’analyse de discours (Peeples et Murphy, 2022) ; les sciences sociales (Cantrill, 2022), où elle est thématisée soit comme une « discipline de crise » (crisis discipline) (Cox, 2007), soit comme une « discipline de soin » (care discipline) (Pezzullo, 2017), soit comme une discipline de « justice environnementale » (environmental justice) (Johnson et al., 2022)

Cet axe pourra amener à une appréhension comparative de l’émergence de ce champ dans d’autres contextes (français, européens ou autres).

3. « Décoloniser » la communication environnementale notamment à partir du « Sud Global » :

Alors que la crise écologique est globale, elle affecte différemment les pays, leurs habitants (humains ou non-humains) et leurs territoires (montagnes, forêts, cours d’eau...). Comment les auteurs (du Sud par exemple) travaillent et traitent de la question écologique à partir de leurs terrains en mobilisant éventuellement des cadres de pensée spécifiques ? Il sera fortement heuristique d’appréhender le courant de l’environnementalisme dit « subalterniste » (Charbonnier, 2022), tel que l’environnementalisme indien illustré dans la pensée d’avant-garde de Gandhi sur la sobriété écologique (Varieties of Environmentalism. Essays North and South, 1997), ou de Ramachandra Guha (How Much Should a Person Consume? Environmentalism in India and the United States, 2006).

Ce déplacement géographique vers d’autres pays et d’autre continents permettra également la découverte et l’approfondissement de certaines « pensées écologiques » non-occidentales qui donneraient lieu à d’autres approches. On peut citer les travaux du naturaliste japonais, Imanishi Kinji, qui, à l’encontre d’une « écologie scientifique » occidentale, plaide pour l’émergence d’une véritable « science naturelle », d’une « sociologie du vivant » basée sur le terrain et l’intuition (Comment la nature fait science, 2022).

Un des problèmes qui est également soulevé ici est celui de la légitimité : « Que faire de l’altérité étudiée, et qui est légitime pour la traduire face au champ académique, d’une part, et face au monde, de l’autre ? » (Martin, 2021).

4. « Décloisonner » la recherche en communication environnementale :

Comment féconder la communication environnementale, quand on est conscient du caractère extrêmement complexe de l’environnement marqué par « une multiplicité d’acteurs, de domaines concernés, d’enjeux mais aussi de concepts » (Vigneron et Francisco, op. cit.) ? Que signifie adopter « une approche globale, transversale et multidisciplinaire » (Ibid.) pour l’envisager ? Dans les travaux pionniers de Bruno Latour sur l’anthropologie des sciences depuis les années 1990, un effort épistémique a été fourni pour faire face à une « crise de la critique » en essayant d’articuler « faits, pouvoir, discours » (Latour, 1997) pour en faire des « hybrides » à même d’être étudiés en anthropologie des sciences. Cette conscience d’un impératif de s’émanciper des cloisonnements disciplinaires caractérise essentiellement l’approche des chercheurs travaillant la question environnementale en général, et la communication environnementale en particulier, comme l’explicite Schoenfeld, à qui l’on attribue l’usage initial de l’expression « communication environnementale »3.

« Quelles que soient leurs racines, existe-t-il des dénominateurs communs entre les différentes formes de communication environnementale ? Oui. Toutes se concentrent sur une approche globale plutôt que compartimentée du système personnes-ressources-technologie. Un thème fondamental de la communication environnementale est donc l’interdépendance – le fait que tout est connecté à tout le reste. » (Schoenfeld, 1981)4

Ce décloisonnement est visé aussi dans l’interrelation à construire entre différents acteurs, par exemple, entre les chercheurs et les activistes (Kane, 2016).

5. Enfin, imaginer et inventer un/des « paradigme.s écologique.s » pour susciter une émulation dans la communication environnementale (ses dispositifs, ses médiations, ses discours...) :

Il est fort significatif de constater qu’à l’invitation d’un changement de cosmologie pour appréhender la situation actuelle de l’urgence écologique, fait écho une autre invitation aussi pressante, celle de changer de paradigme épistémologique afin de pouvoir comprendre et habiter ce monde. Ainsi, une approche « compositionniste » (Latour, 2015), une perspective « relationniste » (Serres, 2019)5, pour ne citer que ces deux exemples, témoignent de cette nécessité d’inventer une nouvelle épistémè.

Dans le cadre plus spécifique des sciences de l’information et de la communication francophone, la proposition de Françoise Bernard d’intégrer l’« Anthropocène » à l’épistémologie de ce champ disciplinaire, ou celle d’Amélie Coulbaut-Lazzarini et Frédéric Couston de « définir la communication environnementale non comme une étude des discours et des pratiques environnementaux anthropocentrés, mais comme une recherche engagée visant à modifier les liens entre humains et non-humains » (Coulbaut-Lazzarini & Couston, 2021).

Dans cette perspective, comment revisiter, renouveler des concepts clés qui fondent jusqu’à présent la construction épistémologique des SIC tels que « médiation », « dispositif », « système », « circulation », « discours », etc. ? Que faudrait-il inventer ? Serait-il pertinent d’élaborer, par exemple, un « paradigme écologique » (Hoang et al., 2022) comme une tentative d’épistémiser le domaine de la communication en général, et celui de la communication environnementale ?

 

1 Cette interdisciplinarité est explicitement manifestée dans la définition de « communication environnementale » donnée par International Environmental Communication Association (IECA) : un domaine de recherche qui « examine le rôle, les techniques et l’influence de la communication dans les affaires environnementales. Fondamentalement, il étudie l’activité et tire ainsi sa théorie et ses méthodes principalement de la communication, des études environnementales, de la psychologie, de la sociologie et des sciences politiques » (cité par Catellani et al., Op.cit.).

2 Cox (2007) soutient fort que la communication environnementale est une discipline de crise dont l’urgence de la tâche est d’ordre éthique et doit consister non seulement à étudier et analyser, mais également à intervenir et changer l’ordre des choses dans un contexte de crise (Kane, 2016, p. 45)

3 Jurin Richard R., Roush Donny, Danter K. Jeffrey soutiennent que c’est dans son article intitulé « What’s New About Environment Education ? » publié dans le numéro inaugural de la revue Journal of Environment Education en 1969, que Schoenfeld a utilisé pour la première fois l’expression « Environment Communication » (Jurin et al. 2010, p. 5).

4 The Environmental Communication Ecosystem: A Situation Report, Schoenfeld C. Clay, 1981. Ma traduction. Je souligne.

5 Une pensée relationnelle permettra de remédier, selon le philosophe et épistémologue Michel Serres, aux limites de « l’âge analytique » et de construire une « philosophie synthétique », car selon lui : « Tous les problèmes contemporains se présentent comme transversaux par rapport à ces éléments épars, découpés, dispersés. […] L’art de tisser, voire de nouer, celui de négocier remplacent le discours de la méthode » (Serres, 2019, p. 221).

 

Informations pratiques

Calendrier et modalités d’envoi des propositions :

  • 30 septembre 2024 : date limite d’envoi des propositions de communication
  • 15 octobre 2024 : retour aux auteurs et autrices
     

Format des propositions : 

Envoyer un fichier au format Word ou PDF et comprenant les éléments suivants :

  • Un résumé en français ou en anglais entre 4000 à 6000 signes (espaces compris), hors bibliographie.
  • Une bibliographie indicative
  • 4 à 6 mots clés.
  • Courte biographie de/des auteur.s

Dépôt du résumé sur la plateforme : https://comenss2024.sciencesconf.org 

Le colloque donnera lieu à une publication (modalités à venir).

 

Besoin d’informations : 

contact.comenss2024@gmail.com

 


As part of this call, we aim to bring together:

… in the same space of reflection, interrogations on knowledges – in their diversity – as well as their contexts and manners they are inhabited by societies. This questioning of knowledge is accompanied by demands for the renewal of epistemologies (Babou 2017, translation ours).

As such, we want to focus on discussions on the foundations, legacies, and future of this fertile and relatively recent field of study, but also to provide a platform for other voices. How do they provide answers, or rather new questions and postures, based on the knowledge they have acquired, preserved, and transmitted (whether scientific or other). How do they confront the current environmental and ecological challenges?

In the light of existing work, it is possible to characterize certain salient, almost defining features, of the field of Environmental Communication:

  • Its interdisciplinary1 and multidisciplinary scope
  • Its ethical imperative2
  • Its pragmatic dimension
  • Its sensory aspect

More specifically, in an attempt to reflect on this design, we feel it would be interesting to consider it from a number of perspectives that are likely to displace it in order to enrich and deepen it, questioning in the process the rationality of the “Moderns” when faced with Nature (Babou, 2010). This call for papers will therefore be approached from five angles:

1. Situating Environmental Communication within "ecological thinking":

How does Environmental Communication make sense within the broader framework of ecological thinking, which "consists of a fresh interpretation of humanity's place within nature, in terms of the limits of the biosphere, the finitude of man, and solidarity with all living things", bearing in mind that it "proposes a displacement and reconfiguration of the frameworks of thought themselves" (Bourg & Fragnière, 2014, translation ours)? With this first line of research, we wish to place the field of Environmental Communication within contemporary ecological thought and to acknowledge our adherence to this structuring basis of thought.

2. Historicizing Environmental Communication: from its American origins to contemporary developments :

An archaeological investigation of the emergence of Environmental Communication in the American context will provide an insight into the conditions that made this field of research possible, with its scientific, institutional, social, and cultural presuppositions.

Initially stemming from the rhetorical academic tradition, the field of American Environmental Communication has now become “a transdisciplinary field of investigation” (Cox & Depoe, 2022, p. 13). It is based on certain “working hypotheses” which are also “epistemological assumptions”, such as the constructionist hypothesis according to which social and symbolic processes and environmental processes are mutually implicated, or the hypothesis which postulates that representations of nature and the environment embody self-interested orientations which result from them (Ibid. p. 16). A number of "heuristic questions" have also been identified that have given rise to a wide range of themes in the field of American Environmental Communication: representations of nature and the environment by people from different communities and under different social, geographical, and ethnic or indigenous conditions; the relationships between communication, values, beliefs, and perception of individuals and their environmental behavior (Ibid. p. 17), to cite just a few important examples.

It should be noted that the dynamic development and heuristic force of American Environmental Communication stems from a wide range of theoretical and disciplinary traditions, such as critical rhetoric and discourse analysis (Peeples J. & Murphy M. 2022); the social sciences (Cantrill, 2022), where it is thematized either as a “crisis discipline” (Cox, 2007), a “care discipline” (Pezzullo, 2017), or an “environmental justice” discipline (Johnson et al. 2022).

The theme of this conference could lead to a comparative understanding of the emergence of this field in other contexts (French, European, or others).

3. "Decolonizing" Environmental Communication, particularly from the “Global South”:

While the ecological crisis is global, it affects countries, their inhabitants (human or non-human), and their territories (mountains, forests, waters, etc.) differently. How do authors (from the South, for example) work and deal with the ecological issue from their own backgrounds, possibly using specific frameworks of thought? It will be highly heuristic to look at the so-called “subalternist” current of environmentalism (Charbonnier, 2022), such as the Indian environmentalism illustrated in Gandhi's avant-garde thinking on ecological sobriety (Varieties of Environmentalism. Essays North and South, 1997), or Ramachandra Guha's (How Much Should a Person Consume? Environmentalism in India and the United States, 2006).

This geographical shift to other countries and other continents will also enable us to discover and explore in greater depth certain non-Western “ecological thoughts” that will give rise to other approaches to Environmental Communication. One example of this is the work of the Japanese naturalist Imanishi Kinji, who, in opposition to a Western "scientific ecology", argues for the emergence of a genuine "natural science", a "sociology of living things" based on fieldwork and intuition (Comment la nature fait science, 2022).

One of the problems also raised here is that of legitimacy: "What is to be done with the otherness studied, and who is legitimate to translate it in the academic field, on the one hand, and in the world, on the other?" (Martin, 2021, translation ours).

4. "Decompartmentalizing" Environmental Communication research:

How can Environmental Communication be enriched when we are aware of the extremely complex nature of the environment, marked by "a multiplicity of players, fields concerned, issues and also concepts" (Vigneron and Francisco, op. cit., translation ours)? What does it mean to adopt "a global, cross-disciplinary, and multidisciplinary approach" (Ibid.)? In Bruno Latour's pioneering work on the anthropology of science since the 1990s, he has made an epistemic effort to deal with a "crisis of criticism" by trying to articulate "facts, power and discourse" (Latour, 1997, translation ours) in order to turn them into the "hybrids" that he studied in the anthropology of science. This awareness of the need to break down disciplinary barriers is a key feature of the approach adopted by researchers working on environmental issues in general, and Environmental Communication in particular, as described by Schoenfeld, who is credited with the initial use of the term “Environmental Communication”3:

Whatever their roots, are there common denominators between the different forms of environmental communication? Yes, they all focus on a holistic rather than compartmentalized approach to the people-resources-technology system. A fundamental theme of environmental communication is therefore interdependence - the fact that everything is connected to everything else (Schoenfeld, 1981, translation ours)4.

This decompartmentalization is also aimed at the interrelations to be built between different players, for example, between researchers and activists (Kane, 2016).

5. Finally, imagining and inventing one or more "ecological paradigms" to stimulate emulation in environmental communication (its mechanisms, mediations, discourses, etc.):

It is highly significant to note that the call for a change of cosmology in order to understand the current ecological emergency is echoed by another equally pressing call for a change of epistemological paradigm in order to understand and inhabit this world. A “compositionist” approach (Latour, 2015) and a “relationalist” perspective (2019)5, to name but two examples, bear witness to the need to invent a new epistemology.

In the more specific context of francophone information and communication sciences, François Bernard's proposal to integrate the “Anthropocene” into the epistemology of this disciplinary field, or Amélie Coulbaut-Lazzarini and Frédéric Couston's proposal to “define environmental communication not as a study of anthropocentric environmental discourses and practices, but as committed research aimed at changing the links between humans and non-humans” (translation ours).

From this perspective, how can we revisit and renew the key concepts that have until now underpinned the epistemological construction of CIS, such as "mediation", "device", "system", "circulation", "discourse", etc.? What would have to be invented? Would it be relevant and heuristic to develop, for example, an “ecological paradigm” (Hoang et al., 2022) as an attempt to epistemize the field of communication in general, and Environmental Communication in particular?

 

1 This interdisciplinarity is explicitly manifested in the definition of "Environmental Communication" given by the International Environmental Communication Association (IECA): a field of research that "examines the role, techniques and influence of communication in environmental affairs. Basically, it studies the activity and thus draws its theory and methods mainly from communication, environmental studies, psychology, sociology and political science" (quoted by Catellani et al. op.cit., translation ours).

2 Cox (2007) strongly argues that Environmental Communication is a crisis discipline whose urgent task is ethical and must consist not only of studying and analysing, but also of intervening and changing the order of things in a crisis context (Kane, 2016, p. 45).

3 Jurin Richard R., Roush Donny, Danter K. Jeffrey argue that Schoenfeld first used the term "Environment Communication" in his article "What's New About Environment Education?" published in the inaugural issue of the Journal of Environment Education in 1969 (Jurin et al. 2010, p. 5).

4 The Environmental Communication Ecosystem: A Situation Report, Schoenfeld C. Clay, 1981. Emphasis added.

5 According to the philosopher and epistemologist Michel Serres, relational thinking will make it possible to remedy the limitations of the 'analytical age' and build a 'synthetic philosophy', because in his view: 'All contemporary problems present themselves as transversal in relation to these scattered, fragmented and dispersed elements [...]. [The art of weaving, of knotting, of negotiating, replaces the discourse of method" (Serres, 2019, p. 221, translation ours).

 

Practical information

Timetable and procedure for submitting proposals :

  • 30 September 2024: deadline for submitting proposals for papers
  • 15 October 2024: feedback to authors

 

Format of proposals: 

Please send a file in Word or PDF format, including the following elements:

  • An abstract in French or English of between 4,000 and 6,000 characters (including spaces), excluding the bibliography.
  • An indicative bibliography.
  • 4 to 6 key words.
  • A short biography of the author(s).

Submission of the abstract on the platform: https://comenss2024.sciencesconf.org 

A post-conference publication will follow (details to be announced later).

 

Contact us if needed: 

contact.comenss2024@gmail.com

 

Infos pratiques
12-13 Décembre
UCO Angers - amphi Bedouelle
  • François Allard-Huver
Comité scientifique hors UCO
  • François Allard-Huver (UCO)
  • Andrea Catellani (Université catholique de Louvain, Belgique)
  • Amélie Coulbaut-Lazzarini (Université de Grenoble)
  • Frédéric Couston (Université de Nice Sophia Antipolis - Université Côte d'Azur)
  • Anne Gagnebien (Université de Toulon)
  • Emilie Kohlmann (IUT2 Grenoble)
  • Céline Pascual-Espuny (Aix Marseille Université)
  • Nicole Pignier (Université de Limoges)
  • Emilie Remond (Université de Poitiers)
Fichiers utiles
Equipe(s) UCO faculté(s)
Faculté des Humanités
Campus
UCO Angers
UCO Nantes
UCO Laval
Logo du Groupe d’Études et de Recherche (GER) Communication Environnement Science et Société (ComEnSS)
Logo de la Société Française des Sciences de l’Information et de la Communication (SFSIC)