L'éducation Démocratique des élèves à l'école Montessori de Yaoundé (Cameroun) : Entre modes traditionnels de gouvernement et apprentissages de la démocratie. Analyse d'une hybridation ethnoculturelle

Soutenance de thèse de Joseph Bertin BEBOULA NOAH dans le cadre du doctorat ECE (Éducation, Carriérologie et Éthique).

Cette recherche s'ancre dans le constat du dysfonctionnement de la démocratie camerounaise et interroge la manière dont son apprentissage scolaire, à l'École Montessori de Yaoundé (EMY), contribue à façonner l'expérience démocratique des élèves. Elle part de l'hypothèse que l'expérimentation démocratique scolaire constitue à la fois un miroir et un moteur de l'expérience démocratique nationale.

Or, la démocratie, bien qu'universalisée, demeure travaillée par une dynamique d'hybridation ethnoculturelle, consistant à adapter des valeurs exogènes à des cadres normatifs locaux. Au Cameroun, cette mission revient officiellement à l'institution scolaire, mais elle se confronte à deux tensions majeures : d'une part, l'inégalité sociale qui réserve l'accès à des écoles comme l'EMY à une élite bourgeoise ; d'autre part, l'ambiguïté pédagogique entre l'idéal montessorien, centré sur l'autonomie, et les pratiques traditionnelles imposées par les attentes parentales de diplomation de leurs enfants et les exigences pédagogiques des autorités académiques.

Dans ce contexte, l'enseignement de la démocratie oscille entre la transmission magistrale d'un discours officiel et des expérimentations pratiques génératrices de régulations informelles. Ces tensions deviennent autant de lieux d'hybridation où les valeurs démocratiques se recomposent au contact des normes traditionnelles, produisant des formes originales de pratiques démocratiques.