DExCuPat : Dispositifs et Expériences en Culture et Patrimoine

DExCuPat : Dispositifs et Expériences en Culture et Patrimoine

Le projet DExCuPat réunit une équipe interdisciplinaire qui entend questionner des dispositifs, notamment numériques, et des expériences de publics dans plusieurs institutions culturelles et patrimoniales en Bretagne et Pays de la Loire. Cette recherche action s’appuie sur une collaboration étroite déjà initiée avec les acteurs socio-professionnels du territoire et entend créer une dynamique de recherche collective au sein du campus de l’UCO BS.

À partir du tournant communicationnel des musées dans les années 1980 (Davallon, 1999 ; Jacobi, 2012), la médiation culturelle s’est imposée dans les grandes fonctions des lieux patrimoniaux. Rapidement, les professionnels ont saisi les possibilités techniques du numérique qui s’ouvraient alors en développant des dispositifs originaux (Schmitt et Meyer-Chemenska, 2015). Censé bouleverser les usages ou faire venir de nouveaux visiteurs, le numérique a d’emblée été perçu comme le nouvel outil idéal pour atteindre les objectifs de démocratisation culturelle. Mais force est de constater l’échec de ces différentes stratégies au regard des résultats de nombreuses enquêtes sur les pratiques culturelles des Français (Donnat, 2009 ; Lombardo et Wolff, 2020). La crise sanitaire a reposé avec force la question du renouvellement des publics dans des institutions culturelles qui ont vu leur fréquentation baisser drastiquement, et nombre d’entre elles envisagent des solutions technologiques pour y remédier. Confrontées à une période de transition, les institutions culturelles voient leur modèle d’organisation bousculé par l’attente d’une plus grande participation de la part de leurs publics, ce qui implique de nouvelles formes de gouvernance et de médiation, appuyées sur des choix autant éthiques que technologiques.

Dans une démarche originale et comparative, notre recherche questionne les processus de (re)médiation, notamment numérique, des institutions culturelles et patrimoniales, héritières des sociétés humaines passées, qui se trouvent investies d’une responsabilité sociale face aux différents publics et doivent répondre aux besoins éducatifs et culturels fondamentaux, cœur du développement humain. Pour ce faire, elles s’appuient sur la médiation culturelle qui propose une mise en récit de ces espaces visant à redonner du sens au monument patrimonial auprès des visiteurs et transmettre ainsi une certaine représentation du passé et du territoire. Par ailleurs, ces sites patrimoniaux offrent des dispositifs de médiation complexes, utilisant parfois une technologie de pointe, qui s’appuient eux-mêmes sur une certaine représentation des publics.

Nous abordons ces médiations selon trois niveaux. Premièrement, il s’agit d’interroger les logiques des projets scientifiques et culturels de chacun des sites patrimoniaux dans lesquels s’inscrivent à la fois le déploiement des dispositifs, notamment numériques, et les attentes des institutions culturelles vis-à-vis des médiations et des publics. Deuxièmement, nous souhaitons analyser leur articulation au sein de chaque site ainsi que les difficultés propres à la modalité numérique (maintenance, mise à jour, coûts, etc.). Troisièmement, il s’agit d’aborder la question des publics pour mesurer à quel point ces dispositifs modifient l’expérience de visite, créent de nouvelles attentes et participent à la construction des savoirs et à leur circulation. Les liens avec le contexte territorial et ses caractéristiques (rural, urbain, à vocation touristique ou naturelle...), les questions de l’animation des territoires ou de l’accès à la culture de tous les publics, seront intégrées dans nos analyses.

Pour mener à bien ces trois niveaux d’analyse, nous mobilisons une méthodologie mêlant les différentes approches disciplinaires présentes dans le projet sur nos trois terrains de recherche : des analyses de corpus et de sources historiques, des entretiens qualitatifs auprès des publics et des professionnels des institutions culturelles, et éventuellement de leurs prestataires de services, des questionnaires auprès des visiteurs, ou encore le développement d’applications informatiques expérimentales.

Cette recherche permettra d’améliorer les connaissances scientifiques des différents publics de la culture et des dispositifs de médiation dans les institutions culturelles en évaluant leurs apports perçus et réels. L’objectif principal de ce projet est de questionner la façon dont les mutations sociétales actuelles, appuyées sur la technologie, impactent les institutions patrimoniales et le domaine de la médiation culturelle. Enfin, nous avons l’ambition d’inscrire cette étude sur un temps long en déployant nos méthodes d’analyse dans d’autres pays, d’autres régions, afin de mener une étude comparative plus large. Pour cela, nous souhaitons faire dialoguer nos résultats avec les travaux de collègues français et étrangers, avec lesquels nous sommes déjà en contact.