Depuis une dizaine d'années, les travaux de recherche portent principalement sur des dispositifs de l'action publique (EPIDE, Service civique et autres) visant l'intégration sociale et professionnelle de destinataires peu ou pas diplômés (jeunes encore en âge d'être scolarisés ou pas). Ce faisant, ils s'intéressent aux enjeux et aux formes, à distance plus ou moins grande du monde scolaire et de ses pratiques de socialisation, que recouvre dans la société française contemporaine ce que Durkheim appelait "la fonction d'intégration morale". Il s'agit d'observer celle-ci aussi bien dans la relative variété de ses principes, de son organisation, de sa mise en œuvre concrète, de ses personnels, etc. que du point de vue de son investissement de la part de celles et ceux qu'elle vise. Lui-même varié, cet investissement est conditionné par les ressources et les trajectoires individuelles, les intérêts et les aspirations qui en résultent. Ce faisant, examiner la "fonction d'intégration morale" dans la société française contemporaine conduit à rendre compte de décalages plus ou moins grands entre l'action publique et ses appropriations de la part de celles et ceux dont cette action publique ambitionne d'infléchir la condition.