PRASORE : PRAtiques SOnores de la REcherche

Ce projet s’inscrit dans une démarche transdisciplinaire et une démarche de recherche création. Il place les usages du medium sonore par les chercheurs au cœur de sa problématique. Il prend acte du développement intensif des productions sonores numériques natives désignées sous le terme générique de « podcasts » pratiqués par de nombreux acteurs culturels et scientifiques. Les podcasts apparaissent ainsi comme un nouveau moyen de diffusion des savoirs qui entrent dans le champ des pratiques numériques de la science ouverte mais aussi comme un espace de construction de nouvelles modalités de récits par le sonore.

L’enjeu du projet PRASORE est d’engager une recherche épistémologique sur les écritures sonores de la recherche en sciences humaines et sociales en commençant par la forme documentaire qui est la spécialisation de la coordinatrice et qui ici se propose de lier sa pratique singulière à une recherche collective et pluridisciplinaire ayant pour objectifs de confronter les méthodes et de développer les compétences des chercheurs impliqués. En complément du séminaire, les chercheurs seront réunis lors de deux résidences de recherche création au cours desquelles il sera question de se former aux techniques d’enregistrement, de montage et de partager les questions relatives aux choix narratifs. Il s’agit bien  de participer au développement des bonnes pratiques d’enregistrement depuis la démarche de constitution d’un corpus oral jusqu’à la nécessité d’anticiper les besoins sonores d’une exploitation en mode documentaire (place de l’instance médiatique, enregistrement des entretiens en espaces sonores discrets ou neutres pour une plus grande plasticité de montage, gestion du montage multipiste, règles de droits quant à l’usage des extraits d’archives et extraits de documents artistiques, questions de rythmes, de dialectique, de formes narratives allant du plus simple (voix avec intermèdes) au plus complexe (diversité des matériaux, diversités des environnements de captations, diversité des micros, prépondérance de la voix ou non, importance sémiotique des éléments sonores non vocaux, prégnance de la structure narrative sur l’organisation de la matière). La volonté de mise à l’épreuve des hypothèses par la pratique étant affirmée, chaque chercheur développera un projet sonore relié à son parcours personnel de recherche afin de vérifier comment les diverses disciplines représentées s’emparent de cette démarche. Quels apports et quels freins seront rencontrés par les chercheurs et comment se mettront en œuvre progressivement les bases d’une pratique documentariste sonore raisonnée et pouvant servir de modèles à d’autres chercheurs. Pour ce faire, nous établirons un carnet de recherche collectif et individuel, à la manière du journal de bord qui inscrit la démarche singulière à mesure qu’elle se construit sur le terrain et qu’elle suscite les interrogations et les réflexions. Cette matière, considérée comme une génétique de nos recherches constituera les matériaux nécessaires à l’établissement d’une productologie (Descamps) dépassant les modalités de constitution des corpus et des méthodes d’enquêtes pour gagner les points d’articulation de construction d’un projet sonore de recherche. Notre productologie sera la manifestation d’un acte autoréflexif et nous deviendrons les sujets de notre analyse dans une démarche consciente de notre processus de fabrication. Cette position réflexive sur les nouvelles écritures de la recherche (ici avec le sonore) représente un enjeu majeur pour le diagnostic, l’amélioration et la réplicabilité d’un processus de recherche innovant qui deviendrait alors un nouvel espace de pensée des usages des archives orales et autres typologies des sons enregistrés et récoltés par les chercheurs qui investissent cet horizon.

CHERCHEURS HORS UCO MEMBRES DU PROJET

Christelle Chaillou-Amadieu (Université de Poitiers)

Rémy Besson (Université de Montréal, Canada)

Marie Fierens (Université Libre de Bruxelles)

Marie Lavorel (Université Concordia, Canada)

Ornella Rovetta (Université Libre de Bruxelles)

Ana Clara Santos (Université d’Algarve, Portugal)