Histoire et doctrines philosophiques et théologiques de l’Antiquité au Moyen Âge

Cet axe explore l'histoire des idées et la confrontation des doctrines qui concoururent à la clarification du mystère confessé et professé dans la tradition judéo-chrétienne. Il vise notamment à mettre en lumière la manière dont les traditions philosophiques ont contribué à façonner la compréhension des textes bibliques durant toute la période patristique jusqu'au Moyen âge, et inversement à montrer la façon dont les réflexions théologiques ont contribué, par mode de retombées, à une intelligence philosophique renouvelée de l'homme et du monde. Il se donnera en outre pour tâche de mesurer la pertinence contemporaine de ces acquis historiques.

La pensée chrétienne qui a vu naître la notion de personne et la question de sa dignité intrinsèque prend sa source dans deux mondes distincts, l'un sémite et l'autre grec. Si l'univers grec se caractérise par une aspiration au divin attestant d'une quête de la sagesse et d'un mouvement ascensionnel de l'homme vers Dieu ou de l'âme vers sa source, l'univers hébraïque se caractérise lui par la conscience et l'expérience d'une descente dans l'histoire de Dieu vers l'homme. Naturalisme et théologie naturelle dans un cas. Prophétisme, alliances successives et révélation dans l'autre cas.
La rencontre décisive de ces deux formes de pensée, chez les Juifs d'Alexandrie au IIIe av J.-C., a donné naissance à une immense littérature croisant la mémoire historique d'une communauté inscrite dans une terre tenue pour promise et les aspirations métaphysiques portées par la Grèce, d'Athènes aux frontières ultimes des terres qu'elle avait colonisées.
Première rencontre de la Foi et de la raison, une culture nouvelle était née, culture dans laquelle vint s'inscrire le rayonnement lent et progressif du judéo-christianisme.
Le champ de recherche de cet axe entend explorer la fécondation réciproque de deux rationalités, l'une plus intellectuelle, l'autre plus expérientielle et existentielle, celle de la raison et celle de la Foi.
 

Pour ce faire, des études parallèles et conjointes sont conduites dans les corpus de texte qui de l'Antiquité tardive au Moyen Âge ont exprimé une compréhension nuancée : 

1. De la nature et du cosmos.
2. De l'âme et de sa présente condition corporelle, des facultés qui lui sont propres : sensitive, imaginative, mémorielle, rationnelle et intellectuelle, ainsi que des pâtir afférents à sa nature sensible et à son existence dans le corps.
3. De la nature du langage, et des formes du discours, rationnel, protreptique, parénétique et mystagogique.

Ces trois domaines sont unifiés autour de la notion d'âme et d'une âme agissant par la médiation du corps et des organes qui le constituent, préparant à l'avènement de la notion de personne humaine.

Dans le traitement de l'âme pour elle-même, c'est de sa nature et de ses facultés dont il est question, de la vie végétative, par la sensation au plus haut degré de la cognition. Mais la sensation, étant sensation et conscience de quelque chose, le cosmos et les mouvements naturels qui se donnent à observer entrent également dans le champ de nos investigations. Ce sera enfin à l'âme également de traduire et de produire dans l'ordre du langage et d'un langage signifiant ce qu'elle a initialement observé dans la sensation, intériorisé dans l'imagination et conceptualisé dans l'intellection. Ce fait est communément admis par la plupart des philosophies et sagesses que baigne la Méditerranée. Mais c'est avec la pensée chrétienne qu'on voit émerger très progressivement la notion de personne qui s'arrache au caractère impersonnel des théories de l'âme qui courent alors dans le bassin méditerranéen. Cet avènement de la personne et de son irréductibilité psychique et somatique résulte en particulier des débats et controverses christologiques qui aboutirent aux Conciles d'Éphèse (431) et de Chalcédoine (451).

Dans ce cadre, des travaux sont conduits à la Faculté de théologie depuis 2007 par un groupe d'abord informel de chercheurs auxquels sont dès le début associé des étudiants de deuxième et de troisième cycle. Ce groupe est depuis reconnu comme un axe à part entière de l'équipe de recherche de la Faculté de théologie Scriptura et ratio. Ces travaux aujourd'hui se poursuivent à raison d'une rencontre mensuelle. Dans leur principe, ils se portent toujours sur des secteurs peu ou pas explorés de la longue tradition des textes qui nous sont parvenus. A ce titre, la traduction de textes inédits et leurs interprétations constituent la base même d'échanges rigoureux et enthousiastes. Ils ont été à de nombreuses reprises la matrice de publications scientifiques (p.e. chez Brill Academic Publishers, Brepols, Oxford University Press, Éditions du Cerf, Garnier Classiques). 

Séminaires passés (2007-2022)

• 2007-2010 / Sur la Matière Première du Monde, 
  Jean Philopon (VIe s.), De l'éternité du monde. Contre Proclus, Livre XI
• 2010-2012 / Sur le langage, le nom et la proposition. 
  Etienne d'Alexandrie (VIe-VIIe s.), Commentaire sur le traité De l'interprétation d'Aristote.
• 2012-2015 / L'éternité du monde (Arguments de Proclus de Lycie (Ve siècle). 
  Jean Philopon (VIe s.), De l'éternité du monde. Contre Proclus.
• 2015-2016 / Sur la sensation et les théories de la lumière (optique et catoptrique) 
  Jean Philopon (VIe s.), Commentaire sur le traité De l'âme d'Aristote [329.3-334.30].
• 2016-2019 / Sur les conditions de la perception sensorielle. 
  Priscien de Lydie (Ve-VIe s.), Metaphrasis in Theophrastum.
• 2019-2022 / L'éternité du monde (Arguments de Proclus de Lycie (Ve siècle). 
  Jean Philopon (VIe s.), De l'éternité du monde. Contre Proclus.
• 2023-2025 / Sur la nature du langage et la rectitude des noms. 
  Proclus, Scholies sur le Cratyle de Platon.

Séminaire présent

• 2025 - / Traduction, étude et commentaires philosophiques et théologiques des Ambigua ad Johannem de Maxime le Confesseur.

Les membres de l'axe ont le souci de proposer au programme annuel de la Faculté des séminaires de second cycle qui se font directement l'écho des séminaires de recherches susmentionnés
 

En 2025, l'axe 2 a contribué directement à l'éclosion d'un cercle transfacultaire dit ‘des philosophes de l'UCO' auquel plusieurs de ses membres participent activement. Ce Cercle explore les diverses facettes de la philosophie (éthique, politique, sciences du langage) dans le cadre d'une rencontre hebdomadaire de deux heures.

• 2025- Lecture approfondie et croisée de l'Éthique à Nicomaque d'Aristote