Les équipes
Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche sur les Questions Vives en Formation et en Éducation
Le LIRFE est un laboratoire de recherche interdisciplinaire, ancré en sciences de l’éducation et de la formation, qui se donne pour objet les questions vives concernant son champ.
La formulation « questions vives » ne désigne pas un ensemble d’objets prédéterminés. Il s’agit d’investir prioritairement des questions et des problèmes qui peuvent se poser dans la société et/ou en termes de controverses entre spécialistes et entre experts. Ces questions sont – et restent – vives au-delà de la seule actualité, tant qu’elles ont une dimension problématique, dimension qui peut être durable. Un certain nombre d’objets peuvent déjà être mentionnés, sans exhaustivité. On peut évoquer, par exemple, les questions, déjà au travail chez les chercheurs qui se proposent de participer à ce laboratoire, liées à l’entrée dans l’Anthropocène, au phénomène de l’accélération et à la résonance (Rosa), à la perspective de l’homme augmenté, à la culture numérique, à la citoyenneté dans une société de l’individualisme et du consumérisme, à la vulnérabilité et aux risques notamment liés à l’évolution des conditions de travail et de l’identité professionnelle.
Les questions vives évoquées peuvent avoir une dimension sociétale, culturelle, technologique, anthropologique ou autre. Ce qui les caractérise, c’est qu’elles s’imposent et dans le vivre ensemble et dans le débat public et qu’elles jouent un double rôle dans la formation et dans l’éducation : en tant qu’elles ont un effet sur celle-ci (pensons par exemple à la révolution numérique qui modifie la disposition attentionnelle des élèves et des étudiants), et en tant qu’elles sont l’objet de celles-ci (une formation numérique est ainsi intégrée aux cursus scolaires et universitaires). Pour reprendre les thèmes évoqués au paragraphe précédent, on pourra se demander :
- quelle éducation aux limites peut être pertinente quand l’humanité commence à se confronter à de nouvelles limites dans ses modes de vie du fait du dépassement des limites de l’environnement ?
- comment penser l’éducation et la formation quand la multiplication des dispositifs prothétiques est susceptible de remplacer certaines fonctions physiologiques et cognitives de l’être humain ?
- comment penser les places respectives de la présence médiatrice et des dispositifs numériques dans les institutions d’éducation et de formation ?
Le projet scientifique du laboratoire est, sur ces questions vives, de :
- pratiquer des recherches de terrain, notamment auprès des acteurs concernés, et à chaque fois que possible, dans le cadre de recherches collaboratives avec ces acteurs (par exemple dans les établissements scolaires, en formation continue et à l’université). Les enjeux de cette dimension collaborative sont multiples : épistémologique (co-construction de savoirs), praxéologique (objectif de développement professionnel et d’adaptation de la formation), méthodologique (mode de recueil des données et de restitution) et éthique (respect de la parole du sujet).
- Décrire scientifiquement les objets, les dispositifs, les phénomènes qui posent des questions vives (par exemple : qu’est-ce qui détermine l’Anthropocène comme âge géologique ? quels sont les effets d’un implant cochléaire ? quelles sont les pratiques parentales eu égard aux dispositifs numériques ?)
- Travailler à préciser et délimiter les concepts utiles pour penser les questions vives évoquées (par exemple qu’est-ce que le « virtuel » ? comment définir la « présence » ?).
- Croiser les approches disciplinaires, et notamment les sciences de l’éducation et de la formation avec la psychologie, les neurosciences et les sciences de l’information et de la communication (exemple d’objet sollicitant une approche interdisciplinaire : quelle est la nature des apprentissages qu’un enfant peut faire dans une expérience d’immersion en réalité virtuelle ?).
L’enracinement du laboratoire en sciences de l’éducation et de la formation est orienté en double sens. Il s’agit de s’intéresser aux questions qui se posent de facto en éducation et en formation (par exemple, quelle place donner aux dispositifs numériques des étudiants en cours à l’université ?). Mais il s’agit aussi de s’intéresser à des questions vives qui se posent de façon indépendante (par exemple, l’entrée dans l’Anthropocène et sa signification en termes de mode de vie), et sur lesquelles on peut aussi s’interroger du point de vue éducatif (faut-il responsabiliser ou rassurer les enfants ?). Enfin, les termes « éducation » et « formation » visent à recouvrir tous les âges de la vie et tous les modes d’apprentissage (formels et informels, institutionnels et familiaux, individuels et collectifs).
Le LIRFE repartit ses recherches en trois thématiques (de 2020 à 2022) :
1/Processus de virtualisation et rapport sensible au monde : quelles ressources pour préparer l’avenir ?
2/Altérité et Vulnérabilité du monde et de l’humain à l’heure des crises environnementales et sociétales : enjeux éducatifs, éthiques et spirituels
3/Formes éducatives et ingénieries de formation d’un point de vue didactique et pédagogique : Quels publics ? Quelles collaborations ? Quels apprentissages ?
Puis, à partir de septembre 2022 et jusqu’en 2025, le LIRFE s’organisera en 3 axes :
Questions vives en éducation (QVE)
La visée d’une éducation est aujourd’hui fortement institutionnalisée, notamment du fait de la place prépondérante de l’école dans nos sociétés. Ceci est vrai à tous les âges, depuis la Maternelle devenant obligatoire jusqu’à des études prolongées pour un certain nombre de jeunes. Par ailleurs, les publics eux-mêmes ont de nouvelles caractéristiques, avec de nombreuses singularités (troubles, handicaps, etc.) qui justifient une réflexion pédagogique et didactique dans le cadre d’une école inclusive, en ouvrant la discussion avec les neurosciences. Enfin, l’idée d’une culture commune est à la fois confrontée à la diversité des populations et à un rapport au savoir et des modes d’apprentissage profondément modifiés par le numérique (dans le cadre de dispositifs formels mais aussi dans le cadre de dispositifs moins institutionnalisés et informels). L’équipe QVE soutient des travaux individuels et collectifs, notamment en organisant des séminaires, autour de ces évolutions, de l’actualité éducative, et des perspectives pédagogiques et didactiques qui se dessinent.
Questions vives en formation (QVF)
Le cadre de la formation professionnelle évolue notamment à la fois en fonction du contexte socio-économique et des textes réglementaires. Ceci est notamment vrai en ce qui concerne la formation des enseignants, qui commence à présent dès la première année de Licence. La formation interroge alors les formes que peut prendre la pédagogie universitaire à des fins de professionnalisation. La formation et l’accompagnement des étudiants et des enseignants débutants suppose l’analyse des gestes professionnels, de la pédagogie mise en place, et de la démarche didactique. Mais c’est aussi vrai des personnels éducatifs en général (personnel de direction, cadres éducatifs, personnel de surveillance, AVS, AESH, etc.) confrontés à de nouveaux comportements et à de nouvelles difficultés. L’équipe QVF soutient des travaux individuels et collectifs, notamment en organisant des séminaires, autour de ces évolutions, des nouvelles exigences et des nouvelles conditions professionnelles des personnels en éducation.
Questions politiques en éducation (QPE)
La figure de l’éducateur est volontiers associée à l’enfance et à la pédagogie, et peut de ce fait paraître en partie en retrait de la vie sociale et économique partagée, de la même manière que l’école est une forme de sanctuaire. Or, du point de vue politique, l’éducateur et l’institution scolaire sont des acteurs de premier plan dans la cité. Nous seulement ils participent d’une citoyenneté et d’un rapport au savoir qu’ils animent et contribuent à former, mais encore ont-ils à faire entendre une voix singulière dans la visée du vivre-ensemble, de l’avenir et de la construction du savoir. Vivre-ensemble et avenir sont à former et à préparer notamment dans le contexte de l’Anthropocène, ou l’humain apparaît à la fois dans ses puissantes potentialités, avec le développement technologique, et dans sa vulnérabilité, exposé à nouveaux frais à la finitude dans un monde globalisé et menacé d’effondrements, ce qui pose notamment des questions éthiques. Mais ces questions sont aussi posées hors et parfois contre l’institution, dans des parcours et des initiatives singuliers. L’équipe QPE soutient des travaux individuels et collectifs, notamment en organisant des séminaires, autour de ces enjeux, qui se nouent à la fois au cœur de l’institution scolaire et qui la débordent.
Programme
21 | Politiques de sobriété | Conférence |